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Brouillard de couleur à l’intérieur d'une sphère
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EESAB – site Quimper 2021
Sur l'invitation de la plate-forme NDE et Bruno Peinado
avec 17 étudiant.e.s (années 2-5)
Phillippe Otto Runge est un peintre romantique allemand du début du 19e siècle. Il étudie les couleurs et leur impact spirituel sur les humains. Il s'intéresse aux harmonies des couleurs et leurs interactions et il introduit de l’ordre dans le chaos des couleurs. Après les modèles de couleur proposés par Johann Heinrich Lambert et Tobias Mayer, il avance l'idée d'un modèle en trois dimensions. En résonance avec les modèles du cosmos de l'époque, il choisit la forme de la sphère. Il crée un modèle incluant le noir et le blanc. Il met le gris le plus neutre au centre de la sphère, le noir au pole sud, et le blanc au pole nord. Il positionne les trois couleurs rouge, bleu et jaune le long de la circonférence de la sphère. Cette sphère dense en couleur... comment imaginez-vous son centre? Qu'est ce que vous voyez autour de vous si vous vous baladez dans cette sphère de Runge?
Pendant ce workshop on pose des questions ensemble et on se met d'accord avec les autres pour peindre un mural de ce qu'on s'imagine être la vue du centre de la sphère.
— On mélange des pigments donnés pour avoir des couleurs et des nuances de notre choix.
— On choisit des outils/techniques pour appliquer les pigments. Quelles textures désirons-nous ? ( – des pinceaux, des rouleaux, des mains, des textiles, des brosses, des éponges...)
— On trouve des références dans l'Art contemporain ou ailleurs... Et si l'action de peindre à cette échelle était performative ?
— Comment peut-on chorégraphier l'action de peindre ensemble, qui fait quoi, dans quel ordre ?
— Comment utilise-t-on et positionne-t-on nos corps en relation au mur et aux autres pendant qu'on peint ?
— Comment peut-on documenter l'action ? Qui documente, dans quel ordre ?
— Comment cette documentation peut-elle être partagée, quelle forme lui donner ?
— l'option de rendre le lieu à son état d’origine peut faire partie de la réflexion de l'action comme performative et temporelle.
Références à regarder ensemble : Phillippe Otto Runge, Tobias Mayer, Johann Heinrich Lambert, Johannes Itten, Bauhaus, Sol Witt, Ann Veronica Janssen, Gabriel Dawe, Stephané Dafflon, Vicktor Vasarely, Bridget Riley |
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SWTTIP
projet collectif / collective project |
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“SWTTIP/ Building Canebière” was imagined collectively. There are in fact several piles of compost relating to the kin-making of Guillaume Durrieu, Alice Griveau, Nadia Lichtig, Katharina Schmidt and Hazel Ann Watling, who became later with Arnuad Arini, Hyunah Jung, Frédéric Morin and guest Olivier Vadrot. Initiated by Katharina Schmidt to work together to organize and shape a collective project. Several artists invited further artists to participate as well as performing the installation of the project.Within this pile there is a mesh of multiple kin-makings that overlap and superimpose, which once unrelated become with each other a rich decomposition of imagery - or less metaphorically, an uncomposed superposition of imagery.
“Staying with the trouble in painting / Building Canebière” is a performative installation which is acted out on a 3 meter high and 20 meter long wall, in Passage Canebière - 73-75 la Canebière, 13001 Marseille - from the 25th of August to the 30th January 2021. Around sixty artists from various generations and nationalities have been invited to propose a black and white poster linked to their practice. Posters appear on the wall in the order of their reception, in the position determined by each artist's chosen coordinates. As time passes, the posters superimpose or cover one another completely, their blending is the collective work. Forms appear, meet and disappear randomly, questioning in an experimental way the concept of 'author' and the sustainability of an artwork. |
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Artists : Julien Alins, Sharon Alfassi, Georges Autard, Karina Bisch, Auto Bodies (Ursula Doebereiner, Alice Griveau, Ak Knol, Katharina Schmidt), Rada Boukova (+ Colombe Marcasiano + France Valliccioni), Christain Bouyjou, Emanuelle Castellan (+ Claudia Kugler) , Alex Chevalier, Hyungsub Choi, Jagna Cuichta, Cordula Ditz, Antje Dorn, Kerstin Drechsel, Guillaume Durrieu, Camila Oliveira Fairclough, Friederike Feldmann, Thomas Fougeirol, Maïlys Girodon, Basile Ghosn, Olivier Gourvil, Thierry Grégoire, Florent Groc, Heike Klussmann, Konsortium (Lars Breuer, Sebastian Freytag, Guido Münch), Charlie Jeffrey, Jasmine Justice, Hyunah Jung, Ludovic Lacreuse, Mohammed Laouli, Nathalie Leroy-Fiévée, Sarah Le Treut, Nadia Lichtig, Elvire Ménétrier, Jugoslav Mitevski, Nicolas Nicolini, Hannibal Neir, Bruno Peinado, Hugo Pernet, Nicolas Perez, Nicolas Ramel, Melody Raulin, Baptiste Roca, Veronique Rizzo, Jean-Baptiste Sauvage, Fabrizio Scarpignato, Emmanuel Simon (+ genre 2030), Yoan Sorin, Stadt im Regal, Julien Tardieu, Olivier Vadrot, Isabelle Vaillat, Louise Vanhelst, Charlie Verot, Valérie Vernet, Hazel Ann Watling, Alex Wagner, Elsa Werth, Yassemeqk Kollektiv.
Invitation - FR - EN - DE
#swttip |
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Buttered Toast
projet collectif / collective project |
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Our morning activity of preparing one's toast is nowadays accompanied by scrolling the computer screen to feed one's visual and informational needs, as much as one's stomach.
“Buttered Toast” invites artists whose practice investigates painting to enter into a correspondence by exchanging and reworking digital files over a virtual breakfast table.The project adopts the name buttered toast from a hashtag. #butteredtoast is an ever evolving feast of shared breakfasts, comprised mainly of numerous public posts picturing butter spread on toast.
One can imagine a buttered piece of toast in terms of painting. The gesture of the hand-held knife applying medium and pigment onto the surface of a support. These actions made in realtime can be found restricted and standardised within screen technologies.
This invitation to correspond and collaborate inserts itself into the production stage of painting. Giving artists the opportunity to link up their studio practices to a 'shared' virtual space. Together, as more than one mind/body, they can mull over, act out and take pleasure in the many troubles inherent to painting in a virtual context.
“Buttered Toast” has a flexible structure which is continually morphing. The presentation text evolves with each new series as new ideas come to the foreground… |
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https://www.instagram.com/buttered_toast_and/
@buttered_toast_and
Search through the hashtag's feed to find the project interspersed amongst other publications -
(https://www.instagram.com/explore/tags/butteredtoast/)
#butteredtoast |
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1+1+1=<3
projet collectif / collective project |
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Les tableaux étirent leurs toiles hors du châssis, les fragments d’un paysage s’échappent de leur fresque et les pigments deviennent fluides : l’exposition 1+1+1= <3 est constituée d’œuvres dispersées dans l’espace. Elle donne à voir la mise en scène visuelle d’une tentative d’éclatement des codes de représentation picturaux. Présentée à la galerie Porte Avion de Marseille, les artistes, Hazel Ann Watling, Nicolas Ramel et Nicolas Nicolini y ont rassemblé leur pratique pour inventer une nouvelle démarche commune, menant une réflexion autour de leur médium de prédilection : la peinture.
Se rassembler pour associer nos esprits, faire une pause, sortir la tête de sa besogne, est parfois nécessaire pour retrouver l’essentiel. Ces artistes ont ainsi choisi de s’associer afin de porter ensemble un questionnement sur le statut occupé aujourd’hui par la peinture sur la scène artistique. Sorte de parenthèse créatrice, l’exposition constitue un état des lieux des possibilités qu’offre le médium pictural, en écho avec les enjeux plastiques et esthétiques actuels.
Les formes d’expression utilisées par les artistes se sont grandement diversifiées au cours du XXe siècle, détruisant l’idée qu’il existait des matériaux « nobles » et proclamant que tout pouvait être matière à création. Peu à peu, la présence de la peinture s’est raréfiée, mais sans jamais disparaître, car elle reste une des formes d’expression artistique les plus anciennes de notre société et, par conséquent, est imprégnée d’une historicité forte qui a bouleversé notre patrimoine culturel. Chacune des œuvres, en s’inspirant des pratiques respectives de chacun, constitue un champ d’exploration possible de renouvellement de la pratique picturale. Elles jouent avec les limites de la représentation pour étendre les frontières de la figuration. Les images deviennent hybrides, les formes hétéroclites et les matières poreuses. Ainsi, on observe au sol un bassin, formé à partir de la fusion de trois dessins de cœurs. Il contient un liquide rouge, comme si la couleur avait décidé de se rendre palpable. Plus loin, on trouve une fontaine, contenant elle aussi trois bassins superposés, dans lesquels se tiennent plusieurs groupes de trois figurines humaines et animales, sortes d’allégories de la figure des artistes. Un liquide vert coule d’un bassin à l’autre, formant un flux de pigments matérialisés, activés, circulant librement entre les sculptures miniatures. La couleur s’émancipe du dessin, du support et quitte son immobilisme pour devenir une substance libérée de la contrainte de la forme.
L’espace est également occupé par une peinture murale qui se mue en fresque en faisant apparaître une reproduction du célèbre Déjeuner sur l’herbe (1863) de Manet. À y regarder de plus près, le dessin, creusé dans la peinture, ne reprend pas l’original mais s’inspire d’une photographie publicitaire, rejouant la scène du tableau. L’œuvre, très critiquée à son époque, est aujourd’hui devenue une icône considérée comme avant-gardiste. Les trois protagonistes représentés sur la fresque deviennent des allégories des artistes eux-mêmes qui, en même tant qu’ils rendent hommage à Manet, se réapproprient son chef-d’œuvre et jouent avec ses reproductions multiples. Ayant au fil des années quitté la sphère artistique pour rejoindre celle du commercial, la fresque permet de faire retrouver au Déjeuner sur l’herbe le milieu de l’art dont il est issu. La peinture murale s’étend jusque sur la vitrine de l’exposition et dessine un rideau métallique dentelé similaire à celui des commerces. Sorte d’illusion d’optique tronquée, le dessin renvoie à l’Antiquité où la peinture devait imiter le réel et aller jusqu’à se confondre avec lui. À cette époque, l’illusion d’optique était gage de talent. Mais, dans l’œuvre des trois artistes, l’illusion est faussée car le motif de la grille épouse l’architecture intérieure de la vitrine et permet de voir au travers, instaurant une corrélation entre l’intérieur et l’extérieur de la galerie.
Au pied de la fresque, des morceaux de verdure semblent s’être échappés de la représentation bucolique du Déjeuner sur l’herbe : des épais morceaux de bois aux formes obliques jonchent le sol. À leur surface sont imprimés des textures d’herbe, de feuillage ou encore de peau de serpent. Ces matières de paysages se décomposent dans l’espace et donnent l’impression d’un puzzle incomplet. Les pièces manquantes sont-elles devenues le châssis d’un autre tableau ? En effet, à côté d’elles, un grand tissu semble lutter avec vigueur pour s’extraire du mur. À l’intérieur, quelque chose grouille, s’agite, et tente de déchirer la surface du tableau pour pénétrer dans l’espace. Les formes cachées derrière le tissu sont obliques, arrondies, mais aussi pointues, tout comme celles des fragments sur le sol. Ainsi, la relation entre la peinture et le châssis s’inverse, le bois du cadre pousse la toile et, en se plaçant à l’intérieur du tableau, devient le sujet de l’œuvre et détermine sa forme. Ce qui porte traditionnellement la toile devient matière à représentation.
Autour de ces œuvres, d’autres tableaux gravitent : objets composites, ils ont été formés à partir de la fusion d’un dessin de chaque artiste. Leurs contours ont été découpés, puis recouverts de tissus multicolores, parfois imprimés de motifs ; créant des aplats et des textures diverses. Les pigments, appliqués normalement sur la toile, sont présents dans les tissus préfabriqués et enveloppent entièrement les formes découpées. La couleur a fusionné avec la toile et le dessin constitue le contour des tableaux. Les relations de formes, supports et couleurs s’inversent, se mélangent et fusionnent.
Parmi les tissus, certains ont été récupérés, d’autres ont été imprimés sur commande des artistes. On les retrouve au fond de la galerie, dans une installation qui, à nouveau, utilise l’impression sur tissu comme motif pictural et joue du statut de la toile vis-à-vis de son châssis. En effet, le cadre apparait suspendu au milieu de l’espace, maintenu en tension par sa toile qui, plutôt que de l’inscrire à l’intérieur du support, s’étire vers l’extérieur jusqu’à s’accrocher aux murs, au plafond et au sol tout autour d’elle. Plusieurs couches de ces étirements de toiles se succèdent, jusqu’à entrevoir, au fond de l’espace, par transparence à travers les diverses épaisseurs de tissus, une image animée. En vérité, l’image est l’activation d’un textile miroitant grâce à un système de ventilation. La succession d’écrans travestit un simple mouvement de tissu en projection vidéo.
L’exposition s’attache à libérer les matériaux de leur statut conventionnel : la toile s’émancipe du châssis, quitte le plan euclidien, et s’agite librement dans l’espace. Le dessin prend la place du cadre et détermine la forme et le format de ce qui est donné à voir. La peinture dialogue avec son histoire, de l’antiquité à la peinture moderne, et joue de ses nombreuses réappropriations. Quant à la couleur, elle change d’états, inonde les murs, se fond dans les impressions et les teintures des tissus. À son tour, elle s’émancipe de tout support en devenant un liquide fluide et informe. L’espace d’exposition devient le laboratoire permettant l’invention de nouvelles formes picturales, élargissant le champ des possibilités créatrices de la peinture et ouvrant la voie à une transformation esthétique et plastique de ce médium.
Sibylle Duboc |
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