|
|
D’PAK & OPRAH
exposition curatée / curated exhibition |
|
TEXTE / TEXT |
|
|
Le medium pictural constitue le principal outil de recherche d’Hazel Ann Watling (1984, Grande-Bretagne), qui se place farouchement du côté de l’évocation plus que de l’interprétation. Alors que l’un de ses instruments de prédilection est son smartphone, qui lui permet de capturer sur le vif toute image ou composition retenant son intérêt, l’artiste travaille ses peintures dans un temps long, à rebours de l’instantanéité de l’apparition de l’image sur un écran. C’est par ce medium qu’elle apprivoise son inventaire numérique du quotidien, expérimentant la réaction d’un mélange, l’association de couleurs savamment dosées, la vitesse de diffusion puis de séchage d’une dilution, laissant parfois la part belle aux éléments naturels dans l’altération de ses toiles (par la pluie, le soleil...). Marquée par l’expressionnisme abstrait ou les tenants du colorfield painting dans son rapport à la couleur, Hazel Ann Watling porte également une attention particulière à la surface et aux supports de ses œuvres, qui forment des installations murales explosives jouant ici avec la gamme chromatique de La Vague. Malicieusement intitulée « D’PAK & OPRAH », cette nouvelle série a été produite à l’écoute des conférences Youtube de Deepak Chopra sur la notion de désir, grossièrement assimilée et resservie aux auditeur·rices de façon ludique et divertissante. Par les artifices de la peinture qu’elle conçoit comme un état de transition, Hazel Ann Watling cherche à susciter l’émerveillement, déclencher un voyage mental ou spirituel par les images, connecter les champs de couleur et les lignes abstraites à des forces qui nous dépassent et ouvriraient l’accès à une phase méditative et critique.
Claire Migraine, 2020 |
|
|
The pictorial medium is the main research tool of Hazel Ann Watling (1984, Great Britain), who is fiercely committed to evoking rather than interpreting. While her smartphone is one of her favourite instruments, which enables her to capture any image or composition that engages her interest on the spot, the artist produces her paintings over a long period of time, in contrast to the instantaneous appearance of the image on a screen. Through this medium she approaches her digital inventory of everyday life, experimenting with the reaction of mixtures, the combination of colours skilfully measured out, the speed at which the pigments propagate and then dry, occasionally letting natural elements play an essential role in the alteration of her paintings (through the rain, the sun...). Influenced by abstract expressionism or the disciplines of Color Field painting in her relationship to colour, Hazel Ann Watling also pays particular attention to the surface and the props of her works, which form explosive wall installations that play here with the chromatic palette of La Vague. Mischievously entitled “D’PAK & OPRAH”, this new series was produced in response to Deepak Chopra’s YouTube lectures on the notion of desire, crudely mashed up and served up to the audience in an playful and entertaining manner. Through the artifices of painting which she approaches like a transitional state, Hazel Ann Watling seeks to arouse wonder, to trigger a mental or spiritual journey through images, connect the colour fields and the abstract lines to forces beyond us that could grant us access to a meditative and critical phase.
Claire Migraine, 2020 |
|
|
|
|
TRAVERSE
exposition curatée / curated exhibition |
|
TEXTE |
|
|
À la suite de sa résidence à la Galerie des petits carreaux du 1er au 30 novembre 2018, Hazel Ann WATLING a conçu TRAVERSE une exposition de peintures sur toile et sur tissus inspirées par le mélange de mer et de campagne qui caractérise le paysage de ce coin de Bretagne.
La peinture de Hazel Ann WATLING est toute en délicatesse et les motifs végétaux ou animaux sont peints en filigrane avec une touche très légère, comme en transparence.
Elle crée également des tissus imprimés sur lesquels elle intervient (ou non) en peinture. Aux motifs paysagers elle mêle toute une iconographie empruntée à l'univers des contes : deux contes en particulier sont ici source d'inspiration : la fable d'Esope "le Rat des champs et le Rat des villes" et un conte anglais : "le Hibou et la Minouchette" d'Edward Lear, histoire d'un mariage entre un hibou et une chouette. Outre leur valeur de fantaisie, ces deux contes mettent en scène des unions hybrides.
Or l'hybridation que symbolise le motif du maïs est très présente dans son œuvre : hybridation entre l'outil numérique qu'elle utilise pour imprimer ses tissus ou pour introduire des motifs photographiques dans ses toiles et la peinture. Ce motif de l'hybridation se retrouve de manière humoristique dans l'image d'un chat-chouette trouvé sur internet et replacé dans un de ses tissus imprimés.
Dans cet univers prolifique , l'artiste émet discrètement une critique des manipulations que l'homme fait subir à la nature, en introduisant au détour d'une de ses toiles ou de ses tissus l'image d'un flacon en plastique qui évoque une marque bien connue de désherbant très nocif. Pour Hazel Ann WATLING les images sont une manière de voyager et d'explorer le monde contemporain. La voile qu'elle a introduite dans l'exposition est le symbole de cette traversée entre les univers du conte et de la réalité, de la peinture, outil ancien et du numérique outil contemporain. C'est aussi une manière de les marier au risque (assumé) de l'hétéroclite.
Ainsi les œuvres de Hazel Ann WATLING sont une recomposition mentale de toutes les images qui la touchent, qu'elles viennent de l'imaginaire de son enfance ou des paysages traversés au cours de ses voyages. Mais l'œuvre de Hazel Ann WATLING va au-delà de la simple représentation d'un paysage, il y a à l'origine de sa peinture une interrogation : comment la peinture aujourd'hui peut-elle restituer le désordre du monde?
Christine Benadretti |
|
|
|
|
GLENO
résidence / residency |
|
TEXTE |
|
|
Garance Matton et Hazel Ann Watling exposent les œuvres qu’elles ont réalisées lors de leur résidence aux Ateliers du Plessix-Madeuc au Musée Yvonne Jean-Haffen (Dinan).
L’exposition s’intitule Gleno, du latin Glenare, que l’on peut traduire en français par « glaner » et « to glean » en anglais.
Chacune à leur manière, avec leurs pratiques, leurs langues et leurs techniques, elles glanent ça et là des images, des références, des ambiances, sources d’inspiration pour la réalisation de leurs œuvres.
Hazel Ann Watling a arpenté le territoire dinannais et les alentours lors de balades et de rencontres. Elle regarde, détache des formes et des couleurs, comme des entrelacs végétaux vus sur les bords de Rance ou des fées médiévales dans les vitrines des magasins. Elle enregistre ces informations grâce à la photographie. Ces images, qu’elle regarde, choisit, agrandit, recadre, dont elle isole des détails, les projette, sont la base de ses compositions. En expérimentant des supports comme la peinture, l’encre, le papier, la toile ou les tissus imprimés, elle construit des univers colorés, abstraits voire fantomatiques.
Garance Matton, emprunte elle aussi des motifs et des formes, issus du champ de l’art. En regardant les peintures de la Renaissance (Paolo Uccello), les estampes japonaises et la sculpture minimale (Carl André), elle exploite des détails (des environnements, un guerrier, une collerette, etc.) qu’elle isole, renverse ou multiplie. Elle élimine certains éléments narratifs ou symboliques et intègre des objets et des personnes de son entourage. Ces figures découpées évoluent dans des espaces rendus indéfinis par la superposition des plans et la dislocation de la perspective. Une narration se crée grâce aux croisements des sources et des époques.
L’exposition Gleno est un accrochage et un parcours au sein de ces nouvelles productions réalisées en résidence.
Mathilde Guyon |
|
|
|
|
|
|
|
|