L’œuvre de Pascal Broccolichi interroge certains des pouvoirs propres à l’espace sonore. Le son depuis plus de dix ans est son matériau principal, mais non exclusif. Il enregistre des ondes, collecte des résonances, des crépitements qui élaborent la matière sonore d’une situation, d’un lieu. C’est toujours la même méthode : des antennes réceptrices, un micro parabolique, un appareil photo avec lesquels il enregistre et photographie chaque zone à des intervalles de temps réguliers et déterminés en fonction de la superficie de la région.
Pour sa première exposition personnelle à la galerie, intitulée « Dispersion », Pascal Broccolichi présente « Sonototubes II » une installation sonore qui fait échos à une série de photographies.
« Sonotubes II » est constituée de 2 modules disposés face à face dans l’espace d’exposition. Des correspondances acoustiques s’opèrent avec des plages de fréquences combinées les unes aux autres et des silences sur lesquels l'ensemble de la composition sonore est construite. Il n'y a pas de rapport immédiat avec les photographies exposées dans la deuxième salle de la galerie. Ces images sont toutes prises (depuis 1997) dans des régions de la planète ou les repères et les frontières n'existent pas (déserts) ou encore des milieux dans lesquels le sol est en mouvement permanent (banquise). Même si des correspondances analogiques se forment entre les œuvres visuelles et sonores, il n'en demeure pas moins qu'elles sont totalement libres et illustrent aussi la définition conduite par le titre « Dispersion » de l'exposition : « Ne jamais montrer « des paysages » plutôt rester « au plus près du mystère », celui de l’espace inviolé et du processus créatif, bien plus que du sujet ou de l’objet. » (Pascal Broccolichi in Surfaces de propagation, Editions Monographik, Paris octobre 2007, p.39)
Si les rencontres entre les arts plastiques et le son demeurent anciennes, aujourd’hui le débat qu’elles provoquent est particulièrement fécond. Comme le souligne Alexandre Castant : « Les œuvres de Pascal Broccolichi le traitent, ce monde encyclopédique et virtuel, insaisissable et poétique, visionnaire et déjà révolu, celui de l’écoute incandescente et de l’invention des formes qu’elle produit : l’imaginaire des sons discrets qui, dans les silences, font nos mondes. ». (Alexandre Castant in Surfaces de propagation, Editions Monographik, Paris octobre 2007 p.23)
Pascal Broccolichi invite ainsi le spectateur à « Séjourner ou se disperser - dans une exposition comme on le ferait au cours d’un voyage, ou encore comme si l’expérience du voyage était soumise à l’exercice de l’errance et à l’épreuve du « point de non-retour », cet effet de déperdition que l’on subit pendant les traversées des déserts… Cela reste une démarche générique libre, un moyen parmi tant d’autres pour explorer les durées multiples dans le temps. Mon travail prend donc l’allure de ces récits de retour et des territoires innombrables qui construisent des mondes possibles. Il repose sur deux univers de réalité à la fois, dont les pôles du premier sont fixes et tangibles, ceux du deuxième sont mobiles et intimes. » (Pascal Broccolichi in Surfaces de propagation, op.cité, p.30)
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Sonotubes II 2008
Dispositif sonore composé de 2 modules de diffusion
Papier fibré multicouches, inox, medium, vibreurs basses féquences, amplificateurs, lecteurs cd, haut-parleurs coaxiaux, console de mixage. Dimensions 80 x 300 x 80 cm chaque module.
Vues de l'exposition Dispersion, Galerie Frédéric Giroux, Paris, 2008
Photographies Pascal Broccolichi |
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SONOTUBES
En déplaçant dans l’espace d’exposition, les principes usuels de certaines lois acoustiques et leurs champs d’application technologique, cette oeuvre coordonne la typologie des sons avec notre capacité de perception.
Conçu pour la Machine à Eau de Mons, le dispositif Sonotubes est équipé de trois évents cylindriques, chacun d’une longueur de six mètres. Placés horizontalement à un mètre au-dessus du sol, ces fûts sont traversés de longs ressorts en tension. Ils produisent par contact solidien avec des vibreurs très basses fréquences, des vagues de réverbérations sur les sons diffusés en continu. Par un principe de segmentation spatiale et temporelle, l’oeuvre divise la galerie en trois zones d’émission distinctes à l’intérieur desquelles le spectateur peut tracer son propre chemin d’écoute. L’architecture singulière du lieu quant à elle se charge de fixer les sons et d’amplifier l’effet directionnel que produit cette « machine de diffusion ». |
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Croquis de recherche, encre de chine sur papier, 50 x 65 cm. Etude des tubes et des ressorts de résonance, 2006. |
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Sonotubes 2006
Dispositif sonore, dimensions de chaque module tubulaire, 160 x 600 x 40 cm, tubes, métal, ressorts inox, vibreurs basses fréquences, lecteur cd, amplificateur
Vues de l’exposition CitySonics juillet 2006, Mons, Belgique
Photographies Pascal Broccolichi |
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