Caroline TRUCCO 

Exposition Oui, mais des mots étendards, Galerie contemporaine, Mamac, Nice, 2023


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Exposition Ailleurs est ce rêve proche, villa du parc, centre d'art contemporain, Annemasse, 2018

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Exposition Ajammar, institut français de Casablanca et fondation Slaoui, Casablanca, Maroc, 2017-2018

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Exposition Moving Frontiers


Cité internationale des arts, Paris, 2018

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Triennale sud de Douala, Espace doual'art, Cameroun, 2017

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Exposition Chergui et déroutes, galerie Le 22, Nice, 2018

Lire le texte de Caroline Bach,
dans le cadre de la Revue Coopérative Curatoriale n°3


Lire « Chergui et déroutes », entretien avec Caroline Bach


Chergui et déroutes est une restitution de voyage réalisé en septembre 2017, ce projet d'exposition retrace le parcours Casa-Tanger-Sebta/Ceuta effectué par Caroline Trucco. Questionnant son « privilège de déplacement », celui d'être une ressortissante française détenant un passeport européen, elle a réalisé une traversée de territoires et paysages dans le contexte marocain, ce voyage s'est clôturé dans une des enclaves espagnoles, en l'occurrence, Ceuta.

Ici, il y avait l'idée d'épouser des chemins de traverse en tentant de pénétrer des zones de transit périphériques, zones instaurées et émergentes appelées les petites Afriques, créées par la communauté migrante subsaharienne. Ces lieux vus comme des espaces intermédiaires, dans une tension du milieu, au sens d'espaces situés entre deux mondes.

La faisabilité du projet a pris forme grâce à un rapprochement avec la population africaine expatriée au Maroc, exerçant au marché africain de Casablanca, connections que Caroline Trucco met en place depuis avril 2017, en parallèle avec ses recherches effectuées dans le cadre du projet Ajammar.

A partir de ces liens créés, une mission au coeur du projet s'est dessinée. Celle de retrouver Djibril, un jeune sénégalais détenu au centre de rétention de Sebta/ Ceuta et de lui restituer ses objets de route laissés avant son départ dans le quartier tangerois de Boukhalef (objets de protection et livres saints mourride relatant l'exil de Cheikh Amadou Bamba.

L'exposition prend la forme d'un « dépôt scénographié » constitué d'éléments relatifs à ce parcours géographique marocain, dans le contexte de la brèche migratoire. Des documents produits sur le terrain, à travers plusieurs médiums et expériences vécues, brutes ou réinterprétées à postériori, entreposés au sol, adossés aux
murs de la galerie, en suspens, sans accrochage conventionnel, afin de souligner la précarité et la fluctuation de ces circuits. Photographies,vidéos, sources sonores ponctuelles, textes issus de carnets de route, cartes géographiques, objets récoltés, s'entremêlent pour constituer un récit narratif prônant une multiplicité des regards et des expériences de la géographie. Des territoires se relaient évoquant des crispations autour des frontières à Tanger, Ceuta mais aussi Vintimille et Calais.
En effet, le regard de l'artiste était accompagné et complété par ses rencontres mais aussi ses assistants, Saliou dit Black et Camille Franch-Guerra, deux volontaires désirant eux aussi endosser une posture dite intermédiaire.

Caroline Trucco a été invitée en résidence artistique au Maroc par les commissaires d'exposition Sonia Recasens et Kenza Amrouk pour le projet Ajammar, projet lancé en 2017 et qui se prolongera en 2019. Elle a effectué des recherches sur les croyances extra-occidentales, avec comme terrain d'étude l'île de Sidi Abderrahmane, territoire insulaire au large de Casablanca, appelé aussi l'île aux sorcières. Ces résidences ont donné lieu à une exposition de restitution à l'institut français de Casablanca en décembre 2017, la deuxième exposition aura lieu à la fondation Slaoui de Casablanca en 2019-2020.


Caroline Trucco


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Exposition Border lines. from history to stories, la galerie expérimentale, centre de création contemporaine Olivier Debré, Tours, 2018

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Exposition Intenses aimantations et imaginaires numérotés, galerie le 22, Nice, 2017


Le travail de Caroline Trucco se déploie à l'intersection de questions ethnographiques, sociales, postcoloniales, poétiques et visuelles. L'artiste développe depuis quelques années des recherches autour du regard porté sur l'Autre avec comme prisme le regard Occidental face à l'Afrique, ses ressortissants et leurs objets culturels. Sa démarche artistique pourrait se rattacher à ce que Nicolas Bourriaud nomme la « pensée de destination » : une pensée qui se caractérise par une mise en exil de soi-même, une sortie du territoire natal. Le fait pour l'artiste de s'attacher à des spécificités qui ne sont pas celles de la culture qui l'a vu naître, ni de la région du monde dans laquelle il est né.

L'artiste semble être guidée par cette pensée d'Edouard Glissant : « La bienheureuse opacité, par quoi l'autre m'échappe, me contraignant à la vigilance de toujours marcher vers lui ». Ce travail prend la forme d'installations, mettant en exergue expérimentation sur la matière, exploitation d'objets existants, récits récoltés, archives, missions de terrain favorisant depuis peu chez l'artiste des projets participatifs.
L'exposition Intenses aimantations et imaginaires numérotés présentée à la galerie Le 22, évoque les mouvements de migrations et la circulation croisée des hommes mais aussi des objets culturels auxquels ces mêmes populations sont rattachées. Elle s'inscrit dans le prolongement d'un travail d'expérimentation présenté pour la première fois lors de l'exposition Un chapelet d'iles noires accroché à l'horizon présenté à Appartement à Paris en octobre dernier. Exposition où Caroline Trucco avait créé des mises en scène où elle faisait dialoguer des objets issus du patrimoine culturel africain provenant d'une collection établie, en l'occurrence celle de Nathalie Miltat, et ses propres productions.
Pour cette nouvelle exposition, Caroline Trucco s'appuie sur un protocole de travail identique en exploitant un corpus d'objets issus de collections privées, celles de Patrice Brémond et Jean Ferrero. Chaque pièce exploitée est étiquetée, arborant un numéro d'inventaire dans la lignée du processus muséographique d'identification des objets. La scénographie proposée par l'artiste nous renvoie ici à ce temps d'analyse et d'identification, ce contexte de mise en réserve proche d'un conditionnement de mise en quarantaine.
Ainsi dans l'installation Restitution : Retour au pays natal, un rack de stockage présente en vis-à-vis une série de statuettes et de masques africains et une série de socles, reprenant les codes de monstration occidentaux des musées ethnographiques. Un face à face fictionnel entre des objets orphelins expatriés (leur étiquetage les rapporte à l'expédition française ethnographique Dakar-Djibouti de 1931 durant laquelle la majorité des collectes sont issues de spoliations) et des socles nus, dépossédés de leur objet, pointant l'entreprise des restitutions patrimoniales extra- occidentales et la possible rédemption du « musée cannibale ».

Dans l'installation vidéo Moi, un noir, l'artiste explore une autre collection - la collection Galéa d'automates du NMNM (Monaco) - dans laquelle elle se focalise spécifiquement sur des automates représentant des sujets noirs.
Des spectateurs incarnés par des statuettes africaines visionnent des vidéos montrant la gestuelle de figurines mécaniques de la fin du 19ème siècle produites à Paris en pleine période d'expansion coloniale.
Ces objets mécaniques figent le regard occidental porté sur l'Autre, ici le colonisé, enfermé dans un carcan d'assujettissement et de fantasmes.
Un extrait de Frantz Fanon puisé de son ouvrage « Les damnés de la terre » de 1961 relate au travers d'une analyse de rêve, l'expérience vécue du colonisé, ses mécanismes et sa posture d'enfermement. Dans la deuxième partie de la vidéo le texte de Fanon est mis en parallèle avec l'expérience vécue d'un jeune migrant darfouris soudanais, Jamal Morsal bloqué à la frontière franco-anglaise.

Le processus d'inventaire des objets employé par Caroline Trucco renvoie aux techniques d'identification et d'enregistrement des migrants au sein de hot spots européens actuels. Ainsi certains travaux évoquent plus directement ces migrations contemporaines dépeignant une géographie torturée qui dit la violence de l'Histoire et de l'actualité à l'image des oeuvres : Poétique de la résistance, Bons baisers de Vintimille, Bons baisers de Calais, travaux photographiques de terrain réalisés à partir d'actions (fragments poétiques, sous forme de petites annonces de rue, disséminés dans la ville de Vintimille aux abords de lieux de tensions entre locaux et migrants), ou se focalisant sur les traces laissées par les migrants après le démantèlement de leur lieu de vie temporaire, inscriptions multiples dessinant le récit de départs « lapidés » successifs.

Quant à la pièce En cours de matricule, visible depuis la vitrine de la galerie, des statues africaines en bois sont étiquetées, masquées par des emballages de plastique noir, figures encore anonymes, comme en cours de traitement. Au sein de l'exposition, le migrant est évoqué par un numéro de matricule, par des espaces qu'il a investis temporairement, par des silhouettes de statuaire africaine. Captif, nous le retrouvons dans la même posture que celle du colonisé. Dépourvu d'identité, comme ces substituts en bois, il est emballé pour être transféré, stocké, ou placé en centre de tri.


Caroline Trucco


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Exposition Un chapelet d'îles noires accroché à l'horizon, Appartement, Paris, 2016

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« Ailleurs est ce rêve proche » écrivait la poétesse tunisienne Amina Saïd. Un ailleurs au coeur de l'exploration plastique et esthétique que mène Caroline Trucco à travers une oeuvre protéiforme, où s'entrecroisent photographie, sculpture, installation, vidéo et écriture.
Imprégnée de la poétique de la relation, l'artiste nourrit ses réflexions sur l'exotisme, l'exil, la déterritorialisation et l'errance, de ses lectures d'Edouard Glissant et Victor Segalen. Entre réel et fantasme, ses nombreux voyages en Afrique de l'Ouest sont l'occasion de projeter des migrations personnelles dans une tentative de mise en exil d'elle-même. L'artiste cultive ainsi une posture exotique d'errance pour écrire une géopoétique : une géographie transitionnelle, imaginaire, fantastique.

En ce sens, l'exposition dessine les contours d'Un chapelet d'îles noires accroché à l'horizon, métaphore d'une géographie torturée qui dit la violence de l'Histoire et de l'actualité à l'image de l'oeuvre Bons baisers de Vintimille. L'exposition fonctionne comme un archipel où les lieux et les terres, se relaient, s'opposent et se mêlent, tel un jeu de dominos conçu pour enjamber mentalement les frontières. Au gré de son parcours, le visiteur est invité à traverser les sillons creusés de l'Île de la déception, à embrasser Pangeea ou toutes les terres, mais aussi à prendre en main le monde pour mieux l'appréhender.

Outre la géographie, la connaissance du monde et de l'Autre passe également par les objets. Soigneusement collectés au fil des expéditions coloniales pour répertorier, inventorier le monde et les hommes, les objets tiennent une place importante dans les installations de l'artiste, qui rejoue de façon critique le musée ethnographique.

La récurrence de l'objet dans son travail témoigne d'un intérêt soutenu pour l'artisanat, le savoir-faire et la rigueur technique. Les sculptures et fétiches de la collection de Nathalie Miltat, qui habitent Appartement, sont l'occasion d'une sensible interaction entre l'ici et l'ailleurs, le réel et le fantasme pour penser l'être au monde. L'objet agit alors comme une aire transitionnelle où se rencontrent des intimités, des mémoires et des lieux.

Avec cette exposition, Caroline Trucco invite le visiteur à un décentrement de la pensée et de l'imaginaire pour embrasser la diversité du monde et tenter de toucher du doigt « ce rêve proche ».


Sonia Recasens


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Salon de Montrouge, 2015


Caroline Trucco est blanche.
Peu importe me direz-vous. Mais tout de même. C'est quelque chose de construire tous ces ponts vers le lointain — autre et noir — de se jeter dans ce grand chantier, toute seule, toute blanche. Ce n'est pas évident. Ce n'est pas non plus, l'évidence.
Pourquoi Caroline a commencé à voyager en Afrique ? Ça la regarde. Mais elle a pensé qu'il fallait en faire quelque chose. Par chance. Pour nous tous, qui essayons de comprendre comment on peut faire avec cette Histoire. Comment on peut être français et aller « là-bas ». Comment on peut vivre même, ici, quand on a vu là- bas ; quand on a vu ce qu'ils ont fait, là-bas. On peut parler de « postcolonial », mais ça ne nous dira pas plus, et même moins, que ces sensations là.
Les installations de Caroline sont salutaires. On pourrait tenter d'expliquer pourquoi en évoquant le repair de Kader Attia : le repair c'est un mot, c'est une idée, ça veut dire « réparation ». Pour Attia, un moteur à produire des formes aux confins de l'art, de l'Histoire, de l'ethnographie, de la surface, de la rugosité des objets : le souvenir, le sens, la blessure, dans le creux, le clou, le reprisage. Je crois que Caroline répare, elle aussi.
Dans Cannes enfumées sur moule blanc, les sceptres, inspirés d'accessoires de chefferies africaines, le temps précieux que Caroline a consacré à leur réalisation, sont un hommage triomphant à la variété, à la variété qui fait corps, qui parade, contre l'uniformité (il faut même dire « contre l'uniformisation », car la force triste est en mouvement). Et Il faut imaginer Sisyphe heureux dit des sensations : le bilboquet d'ici, métissé à la statuaire de là-bas, l'histoire mythique d'ici, et puis celle de là-bas, qui coexistent, vulnérables, et la céramique qui s'effrite.
L'hier d'ici et de là-bas, mais aussi son aujourd'hui : celui du poids qu'on porte, trivialement et non simplement comme une métaphore, sur la tête, quand on est petit marchand ambulant (celui qu'elle a vu, quelque part, au Togo, au Bénin, au Sénégal).
Dans Galerie d'objets rapportés et technique de perception du divers, installation évolutive, ce sont les codes de monstration occidentaux qui deviennent glissants, à la manière dont Hans-Ulrich Obrist évoque un « 21e siècle Glissant » : on travaille à la fin des hégémonies épistémologiques. Pour cela, Caroline glisse, elle aussi, de la posture de l'artiste à celle de commissaire d'exposition, d'ethnographe ou de collectionneuse. Au point qu'on se demande, vraiment, ce qu'on voit, ce qui nous est montré, et surtout comment cela nous est montré. Le réagencement, la redéfinition, soudain licites, libèrent.
Caroline répare — et pour cela elle construit — dans un mouvement qui va de l'Occident à l'Afrique, et puis qui y revient, à cet Occident. Caroline travaille contre l'occultation des plaies, elle construit des formes nouvelles, des formes qui rééquilibrent, des formes qui nous aident à (nous) comprendre, des formes qui apaisent.


Eva Barois De Caevel


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Elle mène depuis quelques années un travail autour de la notion de l'ailleurs. Un ailleurs géographique qu'il soit connu ou de l'ordre du mental, projeté ou fantasmé.

Une évocation de l'ailleurs qui aboutit à un travail sur la « perception du divers », pour reprendre la définition du terme « d'exotisme » du poète et ethnographe Victor Segalen.

Sa perception intime du monde est nourrie par des déplacements extra-occidentaux, notamment en Afrique de l'Ouest, déplacements qu'elle qualifie de migrations personnelles, voire d'errance, et qui laissent transparaitre dans son travail les échos d'un syncrétisme culturel. La question du regard que l'on porte sur l'autre est évoqué, un jeu récurrent de regards inversés Occident/Afrique est mis en place.

La notion de culture, l'histoire personnelle ou collective sont convoquées, sont sources d'enquêtes, manipulées et confrontées. Cette démarche pourrait se rattacher à ce que Nicolas Bourriaud appelle « la pensée de destination ». Cette pensée vue comme le détour d'un autre artistique qui se caractérise par une mise en exil de soi-même, une sortie du territoir natal. Une poétique de la relation telle que l'a définie Edouard Glissant imprègne son travail, poétique selon laquelle toute identité s'étend dans un rapport à l'autre.

Les fragments des ailleurs qu'elle nous montre entremêlent connaissances acquises sur le terrain que ce soit des témoignages, des collectes, de la linguistique. Le tout inclut une multiplicité de points de vue et un aspect poétique.

Démultipliant le statut de l'artiste, dans certaines pièces elle s'imprègne de la posture de l'ethnographe, du commissaire d'exposition, de la collectionneuse au sens de glaneuse.

Ces récits sous forme d'ajouts textuels ou récits induits témoignent de la porosité du réel et de la fiction créant des récits potentiellement plausibles.
Les intérêts qu'elle porte explorent des questions relatives aux inégalités sexuelles et ethniques, aux principes de colonisation et de déterritorialisation, à la géographie de l'entre-deux.

Elle se confronte à des techniques différentes, et cherche avant tout à faire éclore une réflexion. Curieuse vis à vis d'une multitude de médiums : écriture, photographie, sculpture, vidéo, son, elle se penche particulièrement sur un travail d'installation.


Akossiwa Yovo, 2013


Techniques et matériaux


Installation
Sculpture
Photographie
Image en mouvement
Écriture
Action in situ
Mots Index


Géographie de l'entre-deux
Ailleurs - Perception du divers
Expérience du voyage
Nomadisme artistique
Temps d'immersion - enquête de terrain
Migrations - Exil
Regards croisés Afrique/Occident
Croyances extra-occidentales
Artefact - collection
champs de références


Littérature, poésie, essai :


J. M. G. Le Clézio
Amina Saïd
Frantz Fanon
Edouard Glissant
Achille Mbembe
Marielle Macé
Abdelkébir Khatibi
Abdellatif Laâbi
Mahmoud Darwich
Aimé Césaire
Ghérasim Luca
André breton
Marc Agier
Claude Lévi-Strauss
Victor Segalen
Michel Leiris
Marcel Mauss
Fernando Pessoa
Tobie Nathan
Jean Rouch
Chris Marker