Aïcha HAMU 

Les fleurs de glais
Collège Frédéric Mistral

2 Esplanade de la Laïcité, 13200 Arles Arles

ANNÉE 2018-2024

COMMANDITAIRE Département des Bouches du Rhône

MAÎTRE D'ŒUVRE -
Aujourd'hui et depuis mars 2011 le nouveau collège est baptisé du nom de l'ancien, entre rupture architecturale et continuité éducative, fort d'une réputation, il est porteur d'une histoire qui continue.
Sébastien Brunet, Professeur d'histoire géographie au collège Frédéric Mistral à Arles, chargé de mission par la Délégation Académique à l'Action Artistique et Culturelle au service éducatif des archives communales de la ville d'Arles.

ŒUVRE

Suite à ma première visite du collège, j'ai très vite décidé d'orienter les recherches nécessaires à la conception de mon projet autour de trois points importants :
- Le nom et l'identité du collège.
- Ses caractéristiques architecturales et son implantation géographique.
- L'investissement des espaces extérieurs par les collégiens.

Ces trois points définis, il m'a été aisé de créer un parallèle entre le programme de la commande intitulé Passerelles et ma proposition.
Frédéric Mistral, important personnage de la ville d'Arles dont la trace reste ancrée solidement dans la vie des citadins, a donné son nom au Collège. Je me suis aussitôt replongée dans Mes origines, Mémoires et récits, livre dans lequel Mistral narre ses souvenirs à Maillane et dans sa Provence natale. Certainement plus émue qu'à sa première lecture qui remonte à loin maintenant, je redécouvrais les endroits qui ont bercé mon enfance avignonnaise : le Mont-Ventoux, Saint- Michel-de-Frigolet, les Saintes-Maries-de-la-mer.

Dès le premier chapitre, intitulé Au mas du Juge, je décidais d'axer ma proposition vers les fleurs de Glais pour lesquelles Frédéric Mistral semblait nourrir une profonde fascination. La fleur de Glais ou iris d'eau ou encore iris faux-acore est une fleur qui, même si elle peut traverser de longues périodes de sècheresse, croît en général sur les berges des affluents du Rhône et dans les zones humides du pays d'Arles.
Lors de ma première entrevue avec les responsables de l'établissement, nos échanges m'ont amenée à localiser ma proposition dans l'un des espaces extérieurs du site, à savoir la cour du collège, et plus précisément, dans les patios n°2 et 3 situés dans l'aile du bâtiment donnant sur le Rhône. Mes fleurs de Glais dessinent ainsi un trait-d'union, une « passerelle » entre le fleuve et l'un des espaces de vie des collégiens. Les lieux de détentes et de documentations situés à l'intérieur du bâtiment et donnant sur ces patios ont été créés par Madame Gaëlle Peneau, architecte du site, comme « des percées visuelles et des transparences sur le Rhône ». Les patios, attenants à ces espaces s'inscrivent dans la continuité de ce « passage » entre le Rhône et la cour intérieure de l'établissement. Ils constituent des espaces où les élèves passent beaucoup de temps, notamment pendant la pause méridienne.

L'installation a pris la forme de cinq modules auto-portants composés de plaques d'aluminium dont la découpe numérique a permis de respecter les détails de la « dentelle » avec précision. Les plus grandes dentelles se déploient sur une surface de 300 x 300 cm et reposent sur des poteaux en acier. À la base de ces tubes, viennent se fixer des tabourets de diamètres aléatoires. Ces sièges sont constitués de béton matricé en forme de section de troncs d'arbres dont les moulages dessinent l'empreinte de leur écorce. Ces assises sont peintes en leur sommet et sur une dizaine de centimètres le long de leur tranche. Ce traitement pictural, dessine, à la base de la structure globale, des gouttes d'eau, comme pour mieux rappeler la proximité du fleuve et l'histoire du site puisque le collège a été érigé sur le terrain de l'ancienne usine des eaux de la ville d'Arles.
Du rez-de-chaussée, ces couvertures ajourées projettent une ombre partielle permettant ainsi une bonne circulation de l'air et le passage de la lumière dans ces espaces.
Du premier étage et à travers les différentes baies sur façade, les grilles se présentent comme une extension du plancher du niveau 1 du bâtiment, sorte de parterre de fleurs qui aurait glissé des bords du Rhône pour se déployer à travers les patios et que l'on imaginerait s'étendre dans tout l'espace extérieur du site. L'installation peut alors s'apprécier à partir de plusieurs points de vue.

La gamme chromatique de l'installation se compose de trois teintes : le jaune pour les dentelles de fleurs de Glais, le vert pour les poteaux et le bleu pour les sièges.
Ces trois couleurs sont initialement présentes dans l'architecture intérieure du collège sous forme de rubans peints qui se déploient dans les espaces de circulation.
Enfin, les percées créées par ces dentelles, permettent à la lumière solaire, en fonction de son inclinaison, de dessiner des formes au sol et sur les murs des façades Sud et Nord des deux patios. Ces formes, en constantes variations d'échelle et d'intensité, fonctionnent comme des paréidolies permettant à l'esprit de divaguer. Elles viennent brouiller la rigueur des lignes architecturales du bâtiment pour mieux les souligner.
Cette oeuvre a été réalisée et installée par l'Atelier Ni.

Aïcha Hamu