Emmanuelle BENTZ 

Emmanuelle Bentz est plasticiennne et poète à la fois. Elle écrit des textes qu'elle met en scène sous différentes propositions. La plupart des ces propositions forment le corpus d'enseignement de la PP SCHOOL (Poète Performeur School), école fictive où l'on apprend à communiquer avec son corps ce qui est incommunicable, « où chaque acte ou non acte est considéré comme un action théorique ». Parallèlement à cette école dont elle est à la fois maître d'oeuvre et
maître d'ouvrage, Emmanuelle Bentz participe à des lectures publiques dans lesquelles son corps et sa diction jouent un rôle prépondérant.
Eric Mangion, extrait - Ne pas jouer avec des choses mortes, Villa Arson, 2008




Quand on donne une définition au travail d'Emmanuelle Bentz il faut peser ses mots. Non pas que l'artiste soit susceptible, non. C'est car elle tient elle-même pour principe qu'une définition ne peut être que subjective et individuelle, nous entraînant ainsi à prendre de la distance avec les mots et leur sens implacable. Difficile alors de définir la pratique d'Emmanuelle Bentz autrement que comme la tentative d'illustrer un dicton détourné, ou Pour ne pas appeler un chat un chat.
Activité favorite : piquer la prétention des mots et leur orgueilleux sens figuré voire leur prétentieux sens symbolique ; piquer « l'objectivité » scientifique et doctorale de Mme Robert, un des personnages récurrents de ces travaux, qui n'est rien moins que la femme de M. le dictionnaire. En même temps c'est presque un juste retour des choses que de les malmener, puisque c'est eux qui se sont petit à petit invités dans l'environnement de sa pratique plastique. Œil pour oeil, dent pour dent, cette dernière ne manque donc pas une occasion d'envoyer bouler les mots dans leur littéralité pure, et leur petite subjectivité. Sélectionnés, traqués, usés jusqu'à la corde par la répétition comme dans sa pièce sonore Ma cafetière rouge de 1997, ou par la dérision narrative la plus poussée. Emmanuelle Bentz a pour technique de désarçonnement : la prise à la racine, c'est-à-dire la déconstruction même des systèmes grammaticaux et narratifs dans lesquels se conforte le sens des mots.
Mais bien loin d'être des ennemis, les mots sont pour l'artiste l'un de ses matériaux, c'est à partir et grâce à eux qu'elle crée une oeuvre plastique et poétique. Parce que qui aime bien châtie bien, Emmanuelle Bentz maltraite les mots afin d'en extraire leur infini potentiel narratif et poétique, modifiant les associations. Mais ce qu'elle maltraite surtout à travers eux, c'est bien notre sens commun, nos automatismes, à croire qu'un phonème n'est rien sans son sens.
Pratique plastique de la poésie et du bancal, le travail d'Emmanuelle Bentz joue largement des stéréotypes et de toutes les formes préétablies ou entendues, parce qu'elles sont tellement simples et ordinaires que jamais remises en question. C'est par la considération de cette proximité quotidienne de formes, révélant ainsi un véritable espace critique non utilisé ; c'est par réduction toujours plus poussée de ce périmètre environnant que l'artiste s'est d'abord intéressée aux objets, puis aux mots, puis aux corps ; à son propre corps. Ces matériaux, tour à tour extraits de leur réalité concrète, réutilisés et détournés, forment ainsi un véritable répertoire formel, lexical et corporel alternatif qui compose la base du travail de l'artiste depuis ses débuts. Davantage centrée sur le travail simultané des mots et du corps Emmanuelle Bentz s'emploie aujourd'hui à proposer une nouvelle stratégie pseudo-pédagogique, parce que hautement ironique, dans son oeuvre La P.P. School, ou Poète Performer's School.
Cette oeuvre propose donc une pédagogie du corps, ou comment être capable de nous définir nous-même, dans un monde où cette capacité est devenue le seul impératif.
Quand on tente de définir Emmanuelle Bentz il faut peser ses mots. Mais c'est encore grâce à ce corps performatif, qui entre en jeu ici ostensiblement dans la P.P. School, que nous saisirons peu à peu la vraie leçon : ou le corps et ses circonvolutions impermanentes -comme dans sa pièce Wall party datant de 2004-, le corps et ses pratiques comme meilleure tentative non limitative de définition de soi.

Le projet initié en 2003 de la Poète Performer's School, détourne littéralement le médium artistique qu'est la performance, alors même que sa relative jeunesse et sa notoriété dans l'histoire des arts nient encore le recul théorique sur cette pratique. Emmanuelle Bentz part ainsi d'un double postulat de départ respectif au corps d'une part, et à la performance artistique d'autre part. Le corps, lui, est utilisé par tous tout le temps, indifféremment d'une pratique artistique : « quand on dort » et même si « je ne peins pas et je ne dessine pas (...) j'utilise tout de même mon corps », en même temps que la performance, elle, est une définition de pratiques fourre-tout. Ainsi, puisque « tout est poésie et performance » est né le projet P.P. School, école fictive où l'on apprend à communiquer avec son corps ce qui est incommunicable, et où « chaque acte ou non-acte est alors considéré comme acte théorique ». Apprentissage donc mais composé de manière à ce que l'inintelligibilité des définitions soit formulée de manière pédagogique. Ainsi des planches, qui devraient être utilisées comme des manuels pratiques présentant des exercices à réaliser, sont accompagnées de vidéos de démonstration, constituant les propositions formelles et complètes de ce projet détourné. Véritable pied de nez aux formatages de l'enseignement en cours dans les écoles, de la maternelle aux Beaux-Arts, mais aussi à l'esprit sérieux, doctoral et scientifique qu'emploient ceux qui savent.
Les vidéos présentées appartiennent à deux départements différents respectivement intitulés « département limitrophe » pour la vidéo Mouvement des corps sur gazon, et « département liminaire » pour la vidéo Session chemin, elle-même considérée comme sous-département.

De manière générale mais anti-systématique, Emmanuelle Bentz emploie les mots et déploie son corps pour distancier les phénomènes familiers ou culturels que nous acceptons sans jamais les remettre dans une perspective objective. Mais à la dénonciation directe, l'artiste préfère prendre les systèmes à leur propre jeu, que ce soit l'aveuglement du quotidien ou le sérieux de l'histoire de l'art. Proposant davantage un apprentissage de la distanciation et de la dérision, comme meilleur outil et comme seule règle immuable à appliquer à la vie, pour que l'art soit ce qui rend la vie plus intéressante que l'art (Robert Filliou).

Leslie Compan



The aspect is the manner in which something presents itself to the gaze, the appearance, air, or external allure. To consider something's aspect means to consider each of the facets under which it presents itself. This can be ambivalent.
Ambivalence is the character of that which bears two components of opposite meaning.
Opposite is what represents the greatest possible difference. It's not equal, it speaks of two things belonging to the same genre. That's still like equal, except that in addition it objects and by objecting it obstructs a thing's movement, you are equal, contrary to what I thought, this obstructs, get out of the way you're blocking the ball.
Ambivalence is a state of consciousness made up of contrary affective dispositions, not at all equal, get out of the way I said, at the same time, ambivalence is sometimes just 2 aspects, without there being necessarily opposition or ambiguity, it's still not equal, but it can be assimilated, get out of the way I can't see the ball. The ball and you are ambivalent, but if I can't see it, that's because it gets confused with you, it's tangled up, confounded but not similar, a racket and you can't be confused, they are two confounded forms, they are different.
The shape is the ensemble of contours making up a being, an object that is the result of the structure of its different parts. You're in shape, you play well, you play a good match, you possess the contour of the structure, but you play in the corner too much, you are uniform the corner + the shape, you're in the shape of a corner. You lose.

Emmanuelle Bentz, 2002



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Pierre Desproges, Richard Gotainer, mon jardinier, les poètes, les performeurs, la politique, ceux à la télé, ceux dans la rue