Le zootrope est sans doute l'un des moyens les plus simples d'animer un dessin ou une image. C'est un appareil qui illustre avec une grande efficacité les premières thèses sur la persistance rétinienne, notamment celle de Joseph Plateau énoncée en 1829 et qui en 1832 a inventé le phénakistiscope si proche du zootrope. A partir de cette invention, de nombreux autres appareils ont été créés avant d'aboutir au cinéma et à la télévision tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Le zootrope est un procédé élémentaire ne nécessitant pas d'obscurité ni d'éclairage, ni projection, ni dispositif spectaculaire ou théâtral ; seul le mouvement, la rotation de l'appareil est nécessaire.
Le désir de ne pas s'en tenir à la réplique et aux difficultés techniques inhérentes à l'agrandissement s'est imposé rapidement. Désir aussi d'une confrontation physique avec l'image animée au-delà de la logique de l'écran.
Un cylindre contenant et retenant les figures n'est finalement qu'un écran concave. Le schéma traditionnel et dominant écran-spectateur dans sa réalité physique n'est donc pas remis en cause dans les zootropes classiques. Découper directement dans le cylindre la figure anthropomorphique marque l'écart et ouvre un horizon plus profond pour l'apparition de la figure : le lieu, l'espace physique, le public qui le parcourt s'inscrivent littéralement dans les figures découpées. D'une maquette à l'autre se vérifie la persistance d'un effet cinématographique malgré la disparition des ouvertures régulières et identiques propres aux zootropes classiques. "Le plein"(ou encore "le noir"), l'espace entre chaque figure fonctionne toujours comme obturateur. C'est donc par la figure découpée que l'on voit, à l'opposé, la figure s'animer ; son corps se constituant des surfaces( des limites, donc des murs) et éléments de l'espace alentour.
L'inconvénient de la découpe c'est qu'elle n'autorise plus l'usage d'un seul zootrope pour plusieurs séquences distinctes ; il faut en construire autant qu'il y a d'actions, de gestes différents. Au départ, deux zootropes sont envisagés, l'un ( le bleu ; diamètre : 240 cm ) est équipé d'un moteur, le second bénéficie du mouvement du premier : transmission de ce mouvement par contact des deux circonférences grâce à un bourrelet en caoutchouc fixé sur le cylindre bleu ( un peu comme une grande roue de vélo ). La vitesse moins importante du cylindre vert, son diamètre étant supérieur à l'autre (340 cm) contrarie à nouveau le mouvement cinématographique sans empêcher la lecture des différentes phases du geste. Le troisième est à l'arrêt; c'est mentalement que nous reconstruisons le geste d'un corps émergeant , se dégageant d'une surface.
Les deux cylindres en rotation reposent chacun sur une selle de sculpteur. Sur chacun des cylindres, l'ensemble des figures découpées composent des gestes simples et brefs d'environ 1 seconde : silhouette d'un homme jetant un projectile, silhouette d'un autre dépliant son bras à partir de sa tête ; une main s'ouvre et se ferme sur la partie inférieure du cylindre vert. Trois souvenirs de gestes vus au cinéma et en vidéo : le souvenir d'un geste dans "Stalker" d'Andreï Tarkovski; celui d'un mouvement à la fin du "crawl de Lucien" de Dominique Bagouet filmé par Charles Picq; celui de la main de Richard Serra filmée en 1968 : "hand catching lead", ou encore la petite séquence chronophotographique de Marey, regard d'un physiologiste sur cette main qui s'ouvre et se ferme délicatement.
Trois gestes inscrits dans trois cadrages propres au cinéma : plan moyen, plan américain, gros plan.
Arnaud Vasseux, notes ultérieures (juillet 2004)
Zootrope : (etymology : animal or human being who turns) : created practicaly simultaneously by the austrian Stampler and the englishman Horner in 18833, the Zootrope consisted of an empty cylinder placed vertically and pierced with regulary spaced openings. In its bottom part, on the inside, was fixed a band of paper on wich were drawn the successive stages of an action, the number of drawings equal of the number of slots. By turning the cylinder around its axis and looking through its slots, the spectator could see the drawings as they succeeded one another on the opposite side of the cylinder, giving the impression of continous movement.
The zootrope is probably one of the easiest methods of animating a drawing or an image.It is a basic process which needs neither darkness not light, neither projection, not spectaculor or theatrical effects : only the movement is necessary. The desire not to stick to a direct reproduction with all the inherent technical difficulties related to enlargement quickly imposed itself. A cylinder which not only contrains but litteraly holds back the figures is in fact but a concave screen. In its physical reality, the traditional and dominating screen-spectator system is therefore not
called into question. Directly cutting the anthropomorphic figure into the cylinder marks the distinction and opens a deeper horizon : the place, the physical space and the audience which moves within it, are inscribed litteraly in the cut out figures.
From one model to another, this cinematographic effect is verified, despite the absence of regular and identical openings proper to classical zootropes. "The spaces remaining full", the spaces between the figures, always function as a shutter. It is this through the cut out figures which one sees the figure become animated on the opposite side; its body consisting of which surrounds it. The inconvenience of the cutting out system is that is does not permit the use of a single zootrope for different sequences; one must make as many models as there are different actions. Two zootropes are imagined, the first (blue, 240 cm in diameter) is equiped with a motor, the second benefits from the movement of the first : the transmission of this movement by contact of the two circumferences, thanks to a rubber tube fixed to the blue cylinder (a little like a large bicycle's wheel). The difference in diameter (340cm) of the green cylinder and this its slower speed, again contradicts the cinematographic movement but does not prevent the reading of the different gestural phases.
On each cylinder, the brief and simple mouvements visible are composed by all the cut out figures together : a silhouette of a man throwing something, a silhouette of another unfolding his arm from his head; a hand opens and closes on the bottom half of the green cylinder. Three gestures inscribed in three frames proper to the cinema : medium shot, close-medium shot and close-up. Each cylinder rests and turns on a sculptor's turntable from which rayonate the parts of the circular structure necessary for the cylinder.
|