Caroline TRUCCO 

Kalbi takhmami bach y atini Allah 2017
Installation
5 photographies encadrées, 2 tirages vinyles (archives de performances), texte audio prose poétique.
Vue de l’exposition Ajammar, Institut français de Casablanca et Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui, 2017-2018
 
 
 
 
Kalbi takhmami bach y atini Allah en darija, arabe dialectal marocain, est tiré d’une litanie utilisée par les diseuses de bonne aventure (chouwafates) établies sur l’île de Sidi Abderrahmane, avec qui l’artiste a collaboré.

Dans le cadre de la résidence Ajammar, l’artiste a opté pour une posture d’observatrice participante. Selon un protocole précis, elle va entreprendre une série de consultations avec plusieurs praticiens dans une démarche d’auto-analyse et de « déblocage » : questionner la condition précaire de l’artiste, le milieu de l’art et ses acteurs (faire analyser un corpus de commissaire d’exposition, directeur de centre d’art, collectionneur, mécène, tous en lien avec le continent africain) ainsi que décrypter les spécificités de sa propre démarche artistique.

Elle se tournera vers Jamila, chouwafate exerçant sur l’île de Sidi Abderrahmane, Mr Boubacar marabout guinéo-malien exerçant dans le quartier casablancais de Farah Salam, Mr Adamou marabout doualais au Cameroun et Aurèle Andrews-Benmejdoub, psychothérapeute formé aux thérapies comportementales et cognitives, travaillant à Casablanca.

Il est question ici d’évoquer, à ces 4 thérapeutes, le même malaise et les maux qui en découlent pour tenter d’y remédier par la parole, le rituel ou l’objet. Le malaise étant celui d’être une artiste femme, française, blanche, ne vivant pas de son activité et dont la démarche artistique se caractérise par une mise en exil de soi-même, favorisant un travail de terrain dans les pays du sud (essentiellement dans les anciennes colonies-protectorats français). Elle évoquera notamment avec Aurèle Andrews-Benmejdoub le principe de la culpabilité blanche. Elle tentera de décrypter avec lui le pourquoi de cette aimantation géographique entre nécessité et obstination dans le fait de vouloir être présente sur le continent africain et la dificulté d’y rendre visible son travail. Sa légitimité ou pas à travailler et à participer au débat autour des questions postcoloniales à travers notamment des évenements tels que les biennales d’art contemporain africaines et résidences artistiques locales.
 
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