Caroline TRUCCO 

Vues de l'exposition Chergui et déroutes, galerie le 22, Nice, 2018
 
Îlot Boza, 2017
 
 
 
 
 
 
 
 
Îlot Délivrance, 2017
 
 
 
 
Îlot La visite du colonel, 2017
 
 
 
 
Îlot Cité mirage, 2017
 
 
 
 
Îlot Chez Baye Fall, 2017
 
 
 
 
Îlot Bamba Merci, 2017
 
 
Vous avez choisi la forme d’un « dépôt scénographié ». Pouvez-vous m’en dire plus ?
Caroline Trucco : Il y avait plusieurs choix scénographiques, mais celui-là me paraissait le plus pertinent. Ce dépôt évoque une phase de pré-accrochage, un temps d’entre deux, de suspens faisant écho à la situation des communautés migrantes en transit. Il y avait un fort désir de s’éloigner d’un accrochage, fini, conventionnel, afin de renforcer la destinée commune de ces hommes et des documents relatifs à leur vécu, à savoir le fait d’être relégués hors de l’histoire officielle.
Dans le choix même de ces documents produits in situ il y a des géographies qui se superposent, mais avec un lien fort, celui de la pression frontalière. Il y a des images de Calais, au moment du démantèlement de la jungle, comme celle dans le cimetière calaisien, de Vintimille et ce nouveau terrain marocain. J’ai voulu mettre en place un point de départ narratif, ce n’est pas un dépôt anarchique, c’est un agencement pensé, cela explique le terme de « dépôt scénographié ». Il y a une structure, un squelette on va dire.

Oui, on perçoit bien cette ligne au sol, avec ces objets comme en suspens, faciles à déplacer. Et il y a ces images cachées. Est-ce lié au sujet, pour indiquer que c’est difficile de vraiment dire ce que c’est qu’être un migrant ou est-ce pour indiquer qu’un document est un objet complexe, avec des données périphériques, pas immédiatement données ?
C. T. : C’est lié à l’approche lacunaire que l’on a d’une expérience de déplacement, surtout dans des zones de tension. Il y a des bribes qui s’annulent, que l’on reconstruit, que l’on fantasme, que l’on « fictionne ». Un fil narratif qui se construit, se délite, à l’image de ces flux migratoires mouvants, dans une fluctuation constante. C’était important d’avoir une face cachée, en retournant certains documents, en laissant voir le dos nu des cadres. De plus, ça évoque le terreau « clandestin » dans lequel j’ai évolué, avec ses codes et ses zones d’ombres.

Extrait d’un entretien avec Caroline Bach, 2018
dans le cadre du colloque : Figures du migrant et représentations de la migration dans les arts et la littérature, Le Mans, Université.

 
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