Talismans 2016 à 2018
Série d’archives photographiques d’actions in situ, dans des contextes de frictions frontalières (Vintimille, Tanger - quartiers de Boukhalef / Mesnana, Sebta, Calais). Echanges d’objets de protection : don et contre-don. |
Sur plusieurs photographies, il y a cet objet dans la main. Pouvez-vous m’en dire plus ?
C. T. : Il y a plusieurs visuels de mains au sein de l’exposition relatant des actions que j’ai menées dans des espaces géographiques différents. Dans la série Talismans, des mains arborent des objets de protection, de « délivrance », objets que je confectionne moi-même, en papier, cuire, corde, cire et tissu, selon un protocole précis (en collaboration avec des marabouts subsahariens pour la réalisation des grilles talismaniques internes favorisant une réussite de passage).
Charger des objets dans une démarche de don in situ. Nous pouvons notamment voir des formes s’approchant de ceintures de protection sénégalaises dans lesquelles les versets du Coran y sont généralement clivés. J’endosse ici en quelque sorte la posture d’une marabout femme et blanche voulant rétablir cette asymétrie, ce déséquilibre de circulation auprès des communautés en suspens, en transit, en résistance. Durant le parcours Casa-Tanger-Sebta, ces gris-gris ont été offerts à des passagers avant un convoi maritime nocturne depuis Tanger pour rejoindre Tarifa. La même démarche a été réalisée à Vintimille. Il y a dans cet acte le fait d’apporter du soutien par l’objet, comme pour « panser » ce clivage nord/sud. Cette démarche comme principe de don et contre don a enclenché les formes successives de donner, recevoir et rendre auprés des personnes rencontrées. (cycle du don définit par Marcel Mauss)
Extrait d’un entretien avec Caroline Bach, 2018
dans le cadre du colloque : Figures du migrant et représentations de la migration dans les arts et la littérature, Le Mans, Université. |