L’Afrique fantôme? 2016/2017
Projet participatif
Archives photographiques et sonores du projet L’Afrique fantôme? réalisé avec des volontaires africains en situations irrégulières basés ou en transit à Paris.
En partenariat avec le musée du Quai Branly, Paris.
L’Afrique fantôme? a été mis en place lors d’une résidence à la cité des arts en 2016-2017.
Il s’agit d’un projet participatif avec la population africaine installée à Paris. Je me suis tournée essentiellement vers des volontaires africains en situations irrégulières basés à Paris ou en transit. Ma démarche était ici de les inviter au musée du Quai Branly. L’idée étant de confronter ces volontaires à la collection permanente Africaine du musée, et de recueillir leur regard par le biais d’enregistrements sonores. Il s’agit également de mesurer les enjeux de la vision ethnographique pour tisser un jeu de regards inversés Afrique/Occident sur la base de la brèche coloniale.
L’idée étant de créer un face à face entre des objets et ressortissants africains expatriés.
Une double mise à distance « forcée » du territoire natal. Le fond du projet est de tendre à pallier une « amputation culturelle passée » liée à la période coloniale, pallier une dépossession. Tenter de remettre en lien les hommes avec leurs objets, les relier. Dans le cas notamment d’objets spoliés, provenant de la célèbre mission ethnographique Dakar - Djibouti menée par Marcel Griaule entre 1929 et 1932, mission relatée dans le journal de Michel Leiris L’Afrique fantôme datant de 1934. Tenter une réanimation de ces objets vus comme des témoins culturels.
Des protocoles d’amorce et d’échange avec les volontaires africains de ce projet ont été établis. Pointer une vision d’ensemble touchant à la scénographie, à la mise en scène de ces objets puis se diriger vers les objets de la provenance de ces volontaires. Ici il est question d’évaluer la familiarité que possèdent ou pas ces volontaires avec les objets visibles dans la collection. Mesurer le degré de vie de ces objets, ces objets sont-ils encore des objets témoins? Ou reflètent-ils des pratiques éteintes?
De plus, au cours de ces échanges des « objets mémoriels » pourront resurgir de ces échanges. Objets mémoriels, au sens de conception mentale imbriquée dans une réalité lointaine (liée au souvenir et à l’affect).
Ce projet fait écho à un projet lancé en 2004, par l’anthropologue Bernard Müller, Broken memory, visant une réparation par la réécriture et la recherche scientifique afin de pallier des lacunes de savoir.
Mon projet, d’une ampleur beaucoup plus modeste, se destine à cibler les petites gens, les laissés pour compte, les invisibles et les praticiens traditionnels africains (marabout - féticheur). |