Pangea signifie « toutes les terres » en latin. Ce coffret en bois contient un seul bloc territorial, sorte d’agglutination ou d’imbrication des continents qui évoque l’idée d’une appartenance commune. Cette cartographie fictive nous rappelle le supercontinent originel du monde et fait écho au concept du « tout monde » d’Édouard Glissant. La pièce Pangea, du fait d’un procédé commun, se rattache à un ensemble de productions de Caroline Trucco telles que Couronne forteresse, Intense Aimantation et Mirages rétiniens.
À l’instar de Pangea, ces pièces contiennent des débris ferreux oxydés, récoltés à l’issue d’un travail de terrain réalisé par l’artiste dans des zones de transit temporaire et/ou de résistance créées par les communautés migrantes tel qu’à Vintimille (Italie), à Calais (France) et récemment à Tanger (Maroc).
Ces « débris-traces » constituent une forme de résurgence du passage de ces hommes. Le métal oxydé, figé dans de la résine est une métaphore du processus de déterritorialisation. Cette notion définie par Gilles Deleuze renvoie à un acte de résistance qui consiste à rompre avec sa localisation territoriale en dessinant des espaces mentaux et des terrains en devenir. De plus, la résine qui fige ces « débris- cartes» produit un effet loupe et souligne la vulnérabilité de découpe du matériau tout en renforçant l’idée d’un territoire inatteignable, en suspens, pointant ainsi leur impossible capture. |