Moi, un noir 2017
Installation vidéo
Durée séquence vidéo : 5 minutes en boucle
Cette installation vidéo est composée d’un écran plat posé au sol diffusant une séquence vidéo jumelée d’une bande sonore de cliquetis mécaniques, celle-ci est confrontée à 3 spectateurs incarnés par des statuettes africaines de style Bamiléké et Bangwa (Grassland, Cameroun).
Le titre de cette vidéo fait référence à un docu fiction de Jean Rouch datant de 1958, dans lequel le réalisateur semble s’effacer et délègue au personnage principal la liberté de se représenter comme il l’entend face à la caméra, pour nous exposer son quotidien dans un contexte prolétaire et colonial en Côte d’Ivoire.
La séquence vidéo diffuse en boucle la gestuelle de deux automates datant de la fin du 19e siècle. Ces automates proviennent d’une série de sujets noirs détenus par le Nouveau Musée National de Monaco. Ces poupées mécaniques ont été réalisées à Paris en pleine expansion coloniale, dans le quartier du Marais. Celles-ci dépeignent le regard occidental porté sur l’Autre, ici le colonisé, enfermé dans un carcan d’assujettissement et de fantasmes.
Un extrait de Frantz Fanon puisé de son ouvrage « Les damnés de la terre » de 1961 vient clore la première séquence vidéo et relate au travers d’une analyse de rêve, l’expérience vécue du colonisé, ses mécanismes et sa posture d’enfermement. Dans la deuxième partie de la vidéo le texte de Fanon est mis en parallèle avec l’expérience vécue d’un jeune migrant darfouris soudanais, Jamal Morsal bloqué à la frontière franco-anglaise.
Cette installation « Moi un noir » de 2017 part du postulat que le corps de l’indigène et du colonisé s’est institué dans le corps du migrant. L’idée étant de tendre sur un même fil la raideur de la mécanique de ces automates avec les contraintes, les tensions, l’aliénation de l’ex-colonisé, se retrouvant dans la posture de l’actuel migrant. |