Geoffroy MATHIEU 

Matière noire 2012 – 2015
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Matière noire 2012 – 2015
36 photographies couleurs

«There is a crack in everything, that how the light gets in.»
Leanord Cohen, Anthem

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Le projet Matière noire est une utopie, une hypothèse photographique. La matière noire associé à l'énergie noire est une composante inconnue de notre univers que les astrophysiciens du monde entier tentent d’identifier et qui représente 95 % de sa masse. Pour pouvoir la photographier, il me faut donc installer mon regard dans un paradigme nouveau me permettant d’identifier des choses, des paysages, des situations, des personnages dans lesquels j’entrevois la matière noire qui les traverse.

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Cette nouvelle hypothèse de travail est née d’un intérêt porté aux recherches actuelles en astrophysique qui tentent d’élucider le secret de la naissance de l’univers.
“5% de la masse de l’univers provient des constituants de la matière ordinaire tandis que 25 % proviendrait de la matière noire et 70 % de l’énergie noire. L’identité de ces “trucs” noirs reste mystérieuse”.
La matière noire n’est pas seulement dans les profondeurs de l’espace, elle est disséminée partout dans l’Univers, des milliards de particules de matière noire traverseraient notre réalité.
Astrophysiciens et cosmologistes unissent leurs forces pour résoudre cette énigme. Ils construisent des accélérateurs de particules pour reproduire des mini big-bang, qui permettront de comprendre comment l’univers est né et de quoi est faite la matière et l’énergie noire.
Les chercheurs précisent que «la matière noire n’émet pas de lumière et à l’inverse la lumière la traverse complètement. Elle est donc véritablement noire, et le seul moyen de la voir c’est en observant ses effets sur son environnement.»
Alors, quels effets cela produit-il sur notre réalité quotidienne ? Sont-ils perceptibles ? photographiables ?
L’appareil de photographie, le capteur enregistre-t-il les effets de la matière noire ?
Ce nouveau prisme de vision qui consiste à regarder le monde en imaginant cette matière noire le traversant de toute part est un levier poétique puissant. La matière noire étant partout, tout devient objet de la vision poétique mais elle m’apparaît plus précisément dans ce que j’appellerai la densité du monde.
Cette densité, je la perçois aussi bien dans des images qui rendent comptent de la masse des choses, de la gravité des paysages ou de la puissance des éléments que dans ce que j’appellerai les impasses du monde. Finalement, en tout ce qui nous renvoi un sentiment de finitude, de fragilité ou d’impuissance.
Je l’ai retrouvé dans l’absurdité carcérale d’une architecture, la masse d’une montagne ou des fleurs de bords de route, demain je la trouverai peut être dans un feu, une cicatrice, un orage...
Nos corps humains, nos existences sont si dérisoires face à l’immensité du temps et de l’espace, nos efforts si vains face à la marche tragique de l’histoire, nos connaissances si limitées face aux mystères du monde.
C’est lorsque j’éprouve ces impressions intenses face au monde que j’aperçois ma matière noire.
La lumière, la photographie, agissent alors comme antidote au pessimisme et à la dépression qui pourraient me (nous) submerger.

 

 
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