Ta maison est ouverte.
On y rit jusque tard, on y mange tellement bien.
Dans la cuisine, dans le salon, on refait le monde, on reprend à boire. Il y a une chambre d'amis.
Ton travail est ouvert, lui aussi.
Il donne envie d'y entrer, d'enlever ses chaussure et de rester un moment.
Pas parce-que c'est d'usage en Corée, mais parce qu'on s'y sent chez soi, bienvenu.
Qu'il s'agisse d'écrits, de dessins, d'installations simples ou complexes, d'objets presque familiers ou d'actions quotidiennes, tu nous invites.
Morellet compare ses travaux à des tables à pique-nique où le spectateur est encouragé à apporter sa propre nourriture.
Toi, tu disposes généreusement dans les tiens quelques plats, des pistes, sans nous forcer la main.
Tu écris:
"L’état d’équilibre se maintient par des micro-mouvements. comme un funambule sur sa corde." Tu as cette capacité à tendre un grand fil souple entre les idées et les choses, tu tisses une toile de sens et de formes, et tu marches dessus, en nous invitant à nous y balader à notre guise.
Comme un joueur de flûte bienveillant.
Si pour toi, le funambule, et ton public, dans la possibilité du basculement, ou dans la mesure du temps et de l'espace, la mort apparait parfois en filigrane, c'est sans inquiétude.
Tes sujets se situent au-delà de l'Art, dans la vie, et elle en fait partie.
Tu bats la mesure.
Tu la bats à plate couture.
Mais souvent, aussi, tu la chatouilles juste un peu.
Tu fais des boucles élastiques.
Tu te joues bien de l'arbitrarité des conventions.
Tu te ris de la finitude de notre condition, de nos façons de rationaliser ce que l'on ne comprend pas tout à fait, en toute sérénité.
Tu a délaissé l'ingénierie électronique - pour une ingénierie poétique, en digne héritière de la Pataphysique, du GRAV ou de l'OuLiPo.
Tu t'amuses et tu jouis des contraintes que tu définis, déclines ou délaisses à l'envi. Dans la simplicité des moyens que tu choisis, on se projette vite et bien.
Tant-mieux pour nous.
Merci.
Nicolas Ramel
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