Jean-Philippe Roubaud peint le dessin ou dessine la peinture, utilise le crayon, le pinceau et systématiquement le graphite. Ses dessins peints sont citationnels, qu'ils soient issus d'ouvrages scientifiques ou de simples phénomènes mémoriels. L'architecture, la sculpture, la photographie ou la trajectoire des corps sont traités, évoqués, par l'utilisation de cette technique archaïque. L'artiste interroge sans cesse le rôle du dessin et son fondement en tant que discipline à part entière dans l'histoire de l'Art...
Hanna Baudet"Une oeuvre au noir, la substance contenue et délimitée par la forme", 2023[...] Ainsi, explorant les époques, les mouvements et les techniques, il a une connaissance approfondie des artistes qui l'ont précédé. Il n'est pas surprenant de croiser dans ses dessins la trace de Bernardo Bellotto, Jan Van Eyck ou encore Ambrosius Bosschaert. Cependant, l'étendue du savoir historique de l'auteur ne rend pas son oeuvre élitiste ou pontifiante. En effet, il n'est pas nécessaire de reconnaître ses multiples citations pour l'apprécier. Ces nombreuses références participent à une mémoire collective et créent une impression de déjà-vu, comme lorsque nous reconnaissons des personnes croisées un jour sans qu'il nous soit possible de nous souvenir où et quand. [...]
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Numa Hambursin"Haro sur le rat, histoire d'un chef-d'oeuvre abandonné", 2019[...] Les dessins de Roubaud parviennent à une forme de miracle hollandais : ils peuvent plaire aux amateurs d'art les plus réactionnaires sans détourner définitivement les partisans d'un art contemporain radical. Pour les uns, la beauté exquise du trait, pour les autres, un dispositif en trompe-l'oeil gorgé de signifiants et de concepts qu'il exprime par ailleurs. Ce numéro d'équilibriste est un tour de force qui va bien au-delà de la posture. [...]
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Ludovic Cardon"RESSUSCITER", 2019Aborder l'oeuvre de Jean-Philippe Roubaud revient toujours à se confronter à un passé négligé, ou plus précisément à un fragment du passé de notre humanité qu'il souhaite remettre sous nos yeux. Tout part d'une nostalgie. Jean-Philippe Roubaud n'aime rien plus que reprendre une disparition, une idée ou un évènement que nous aurions « oublié ». [...] Alors l'artiste s'insurge et exhume ce passé. Non par amour d'un temps révolu, par refus du présent ou peur de l'avenir, mais par volonté de nous rappeler le sens de notre Histoire. Aussi, et c'est cela le plus important, pour que notre regard se porte au-delà de la connaissance. Pour cela, il nous marque de ses didascalies, il nous redonne les indices, les indications nécessaires pour que nous sortions de notre grand sommeil. L'artiste se fait médiateur entre un morceau de notre Histoire commune et notre esprit embué d'une contemporanéité de l'instant. [...]
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Rébecca François"Entretien de Jean-Philippe Roubaud", 2018[...] Le dessin est souvent considéré comme un point de départ d'une oeuvre. Or, le dessin utilise les codes de la peinture, de la sculpture ou de l'architecture ; il peut donc réunir l'ensemble de ces pratiques. Plus que sa suprématie, je revendique l'équité du médium et prône l'autonomie de la discipline.
Ma pratique est une sorte d'antithèse de la transversalité. Je trouve intéressant de revenir à quelque chose de simple et de basique en termes de technique –l'abécédaire du dessin en quelque sorte : feuille de papier, crayon et poudre de graphite- pour ensuite aller plus loin en termes de références et de questionnements. [...]
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Marlène Pegliasco"Portrait chinois", interview pour SMARTY Magazine, 2020[...] Le dessin ne fait exister la lumière que par contraste, il ne fabrique que le sombre et du coup il s'est tapi pendant des siècles à l'ombre de la peinture. De mêmes par sa fragilité, il ne peut prétendre goûter à l'éternité de la sculpture, mais le monde a changé, les regards et les systèmes de conservation se sont modifiés. Il ne construit rien, il n'est qu'un plan, mais à l'époque ou une imprimante laser construit une maison la question de construction, de volume et de matérialité est bien plus ouverte. [...]
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