Ymane FAKHIR 



Ymane Fakhir est engagée dans une pratique de la photographie, qui croise des procédés documentaires et incursions fictionnelles. Ses oeuvres ont fait l'objet de nombreuses expositions en France et à l'étranger, et notamment à l'occasion d'Africa Remix qui a voyagé de Düsseldorf, à Londres, en passant par le Centre Pompidou à Paris, et jusqu'à Tokyo et Johannesburg. Son travail s'inscrit dans un territoire extensible qui tente des passerelles entre la France et l'aire méditerranéenne, et en particulier le Maroc, son pays d'origine.

Dans ses photographies, elle explore la question du féminin, lorsque sa touche à la dichotomie entre espace public et espace privé, renvoyant ainsi aux dimensions normatives des usages sociaux dans la culture arabo-musulmane. Ainsi, Son travail photographique documente la permanence de phénomènes sociaux et anthropologiques anciens, alors même que les sociétés arabo-musulmanes tentent de négocier le virage de la modernité.
En effet, dans tous ses projets, et notamment dans les deux plus récents - Le trousseau et Le bouquet ­ elle s'empare d'objets liés aux quotidiens, apparemment triviaux comme par exemple le trousseau traditionnel que toute mère se doit de constituer pour sa fille : serviette, bijoux précieux et de pacotilles, objets décoratifs, chemises de nuit et pantoufles, parures de lit, et vaisselles. Tous ces objets renvoient à la maison telle qu'elle doit être tenue par toute femme de bonne famille, alors même que leur accumulation forme un univers clos que la jeune mariée sera condamnée non seulement à habiter, mais à perpétuer.
Le Bouquet (2006-2009) s'attache aux décorations florales qui ornent les belles voitures de location qui forment le cortège des mariés. Il s'agit ici d'inventer un roman familial qui place les membres de cette cellule dans un espace-temps hors classe social pour l'espace d'une journée,.
Ainsi, sur un mode métonymique, chaque détail de ces deux séries révèle les contradictions profondes et les mécanismes de construction d'un espace et d'un imaginaire social, qui irriguent sa culture d'origine.

Ymane Fakhir explore les signes de mutation de l'espace urbain dans cette ville tentaculaire qu'est devenue Casablanca, surnommée la New York de l'Afrique. On voit ainsi fleurir des constructions massives de lotissements bon marché à destination de nouvelles classes moyennes issues de l'économie informelle, et parallèlement des bâtiments dédiés aux acteurs de la nouvelle économie de marché marocaine.
En témoignant et en révélant les mécanismes des transformations de ce paysage urbain, elle rend compte de cette modernité contradictoire dans laquelle est engagée le Maroc et de nombreux pays de cette région du monde : la survivance d'une économie de la “débrouille“ à côté des méthodes les plus efficaces du capitalisme avancée.
Ymane Fakhir's practice of photography is one that merges documentary processes and fictional ventures.Her works have been shown in numerous exhibitions both in France and abroad,particularly during the ground-breaking Africa Remix exhibition which travelled around the world from
London to Düsseldorf, from the Centre Pompidou in Paris to Tokyo, from Johannesburg to Oslo. She was also selected for festivals like Norderlicht In Holland and the Bamako biennal. Her work is inscribed in an extensible territory, building bridges between France and the Mediterranean area, and particularly with her native Morrocco.

Her photographies explore the question of feminineness, pointing to the dichotomy between private and public spaces, with an obvious relationship to the normative dimensions of social conventions in the Arab/Muslim world. Her work emphasizes the fact that despite a growing willingness from Arab and Muslim societies to embrace and achieve some sort of western-type modernness,many ancient social and anthropological rituals and phenomenons remain.

She pictures apparently trite objects : Her young bride's trousseau (a haphazard collection of necessary domestic artifacts assembled by her mother in the expectation of marriage), the decorative rituals associated to traditional wedding ceremonies, the ritualized visions of shop windows mannequins in a globalized market or the tensions between the peripheral, rural world and the ever-growing cities.

The point here is to re-invent a family fiction which captures all of the members inside a closed time-frame and social frame. In her photographic vision, every single detail functions on a metonymic level and reveals the inner contradictions at the core of her native culture. (traduction Philippe Négrin)


Mots Index


Intimité
Identité
Paysage
Documentaire
Rituel social