La Montagne d’or 2021
Installation sonore et visuelle, en intérieur et en extérieur
Vues d’exposition au Château de Servières, Marseille |
Une Absorption est une image végétale vivante, évolutive, lentement incontrôlable. Cette image est réalisée à partir de solution végétale photosensible, préparée et récoltée dans mon environnement proche à partir de « mauvaises herbes », selon l’endroit où je me trouve. Volontairement non fixée, les Absorptions vivent doucement, s’éclaircissent lentement au fil des années, lentement incontrôlable, interrogeant notre regard, notre perception et notre mémoire. Une fois que l’image aura totalement migré, il restera sur le papier un monochrome jaune pâle.
Ce qui vient est en même temps ce qui s’en va. Delphine Wibaux parle à leur sujet d’ « images vivantes » : à la limite, il n’y a plus image, mais passage, sillage. (...) Non seulement les temps d’exposition des surfaces sensibles mises au point par Delphine Wibaux sont longs, (plusieurs mois parfois) mais encore souvent les résultats ne sont pas fixés : de telle sorte qu’entre ce qui apparaît et ce qui s’efface existe une continuité : l’image fixe est comme soumise à une sorte de fondu enchaîné très lent ( transformation « plus lente que le passage d’un nuage mais plus rapide que la naissance d’une ride » nous est-il précisé) qui la relie à son devenir - sa migration.
Jean-Christophe Bailly |
Absorptions, Tbilisi 2021
3 m x 1,5 m |
Absorptions, Tbilisi 2021
Détail |
Sur les trois grands formats présentés dans cette exposition, dans chaque cas, deux images ont été assemblées l’une à côté de l’autre - couture territoriale entre un monde ancestral minéral d’habitation troglodyte géorgienne combiné à vue urbaine de Tbilisi. Sur le format isolé dans le couloir du fond, deux images se superposent également, au coeur du désert géorgien. Cependant, ici, une image est derrière l’autre : l’une domine d’abord légèrement l’autre, puis les deux s’accordent. Il s’agit de vagues de perceptions, d’émergence et de transformation, qui se renouvellent et « s’épluchent » au fil du temps. Cette dernière Double Absorption peut être observée et découverte en s’asseyant dans la niche située en vis à vis, sorte de « grotte » de l’exposition. Entre les vibrations des trains que l’on peut sentir légèrement au niveau des omoplates en s’appuyant sur le mur de la niche, contact léger avec le monde extérieur, un poème de Rati Amaglobeli résonne en géorgien, lu par l’artiste Tamar Kalandadze, traduisant son ressenti au sujet de son pays. Ce flux sonore est non traduit en français afin de s’approcher du sens du poème d’une autre façon, plus intuitive et sensible, au grè de l’intonation, de l’écriture et des sonorités de cette langue inconnue. Un passage d’air par la fenêtre ébréchée nous ramène au vent et à ce qui s’agite librement - aller retour flottant entre l’espace fictif de ce voyage caucasien, potentiel de rêves et la réalité physique présente. On peut apercevoir, en se tournant vers cet extérieur, quelques autres images furtives, incrustées dans le mur au niveau des racines des arbres, issues de ce temps d’exploration en Géorgie. |
La Montagne d’or 2021
Installation sonore et visuelle, en intérieur et en extérieur
Vues d’exposition au Château de Servières, Marseille |