Arnaud VASSEUX 

Vue de l'exposition Réparer à l’endroit de l’accroc le tissu du temps, La Tôlerie, Espace d’art contemporain de Clermont-Ferrand, 2015
Au premier plan, sculptures de Laurence Deleersnyder
 
Sans titre (Cassable), Clermont-Ferrand 2015
Plâtre non armé, 370 x 104 x 20 cm
Production La Tôlerie, Clermont-Ferrand
 

Creux (Empreinte-durée) 2015
Calcaire, 12 x 10 x 7 cm
Production La Tôlerie, Clermont-Ferrand
Courtesy galerie White Project, Paris

 
Au fond à droite :
Blanca Casa-Brullet
Bleu de maçon (à la mesure du corps)
Dessin mural au fil bleu de maçon
 
Sans titre 2013
Verre brisé, 155 x 117,5 x 4 cm
Production C. I. R. V. A.
Courtesy galerie White Project, Paris
 
Drop 2006 / 2015
Polypropylène, 80 x 80 x 45 cm
Courtesy galerie White Project, Paris
 
Contre-types 2014
Photogrammes de granit prismatique, 37 x 47 cm chaque
Courtesy galerie White Project, Paris
 

Réparer à l’endroit de l’accroc le tissu du temps

« Je voudrais savoir vous dire la simplicité, l’absence d’affectation de ce couple
qui était venu déposer au cimetière des chats une latte de bois couverte de caractères.
Ainsi leur chatte Tora serait protégée. Non, elle n’était pas morte, seulement enfuie,
mais au jour de sa mort personne ne saurait comment prier pour elle,
comment intercéder pour que la mort l’appelle par son vrai nom.
Il fallait donc qu’ils viennent là tous les deux, sous la pluie,
réparer à l’endroit de l’accroc le tissu du temps. »

Il est des œuvres comme des drames à bas bruit qui, intimes et narratives ou, au contraire, abstraites et processuelles, évoquent, de manière sous-jacente, la perte : de soi, de l’autre, de quoi que ce soit – échec, oubli, deuil, violence, abandon, etc. Une perte que l’on peut choisir de valoriser, de reproduire indéfiniment, contre laquelle on peut choisir de lutter. Avec des gestes. Des gestes qui « en savent et en font plus que nous », comme l’écrit Yves Citton. Des gestes qui tentent, à défaut de « renverser l’insoutenable », de « réparer à l’endroit de l’accroc le tissu du temps ». Parce qu’à une époque où la machinisation ne concerne plus seulement l’industrialisation mais toutes les chaînes de transmission de l’information, les gestes apparaissent plus que jamais comme l’expression de nos humanités, donc d’un refus possible. Corps, images, consciences et matériaux répondent à un même vocable où se croisent pressions, tensions, forces, impressions... Quoique issus de pratiques opposées ou utilisant des médiums très divers, les artistes réunis dans cette exposition semblent figer ces moments de bascule où, dans le travail de création autant que dans l’organisation de nos sociétés ou nos vies personnelles, quelque chose cède.
Marie Cantos

 
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