L’événement du jeudi : Il y a une très belle et courte scène dans votre film où l’on voit Jean-Pierre Marielle offrir à manger à un garçon noir, d’origine comorienne, venu le voler. Il l’appelle , lui explique comment il laisse sa porte ouverte, pourquoi il bourre ses armoires de provisions et laisse son portefeuille en évidence, et finalement lui dit : Ce que clame Marielle, est-ce seulement un mot de cinéma, ou est-ce votre propre credo ?
Bertrand Blier : C’est ce que je pense, au plus profond de mon cœur. C’est aussi ce que j’aime tant à Marseille, quand je me promène. Blacks, maghrébins, blancs, tout le monde vit ensemble et c’est une image magnifique de la France telle qu’elle est, ou du moins telle qu’elle devrait être. C’est, pour moi, la ville de l’an 2000. Malgré tous les problèmes qu’on connaît, la pauvreté, le chômage, la drogue, c’est une ville à laquelle les populations d’immigrés apportent un sang et un souffle neufs. La Canebière à 3 heures du matin, c’est beau comme Broadway !
Bertand Blier (cinéaste) |