STAUTH & QUEYREL 

Bonjour.
Eric, 28 ans, prothésiste dentaire. Supporter de l’OM depuis ma création ; en effet, ma mère a commencé son travail pour me mettre au monde dans l’enceinte du stade puisqu’elle en était la gardienne. Mais ma mémoire de supporter remonte à bien plus loin puisque mon grand-père faisait partie de l’équipe dirigeante du président Leclerc. Après un break de quelques années avec le stade Vélodrome, je me retrouve dans les travées du virage Sud. Tout les quinze jours avec cette foule qui, match après match, saison après saison, grandit, chante de plus en plus fort, fait des spectacles de plus en plus beaux et gagne, à force de travail, le titre de meilleure tribune et de meilleur public de France. Beaucoup de souvenirs et d’émotions dans ce virage : le doublé, Chris Waddle, les matches OM/Bordeaux, OM/PSG...

Puis, le virage Sud a changé de visage et je ne l’ai pas bien compris. Alors, une idée est née ; quelques copains et le principe est lancé : un nouveau groupe. Son nom : les Thunderbirds (les oiseaux de tonnerre pour les fanatiks Toubon). Thunderbirds, beaucoup de choses s’y rattachent, mais nous avons gardé la signification du phœnix qui, quoi qu’il arrive, renaît de ses cendres. Après quelques rencontres, la rumeur s’étend : on est tout d’un coup 200 et patati et patata. Au 1er avril 92, on remonte au virage Sud avec des tracts, pour essayer de recruter du monde. Beaucoup rigolent, certains dressent l’oreille, on rencontre des jeunes qui, comme nous, voudraient connaître et créer autre chose.

Bref, on se lance, on prend contact avec qui de droit et c’est la désillusion : on se prend des claques de tous les côtés, on nous interdit, on se moque de nous. Dans cette période, aucun allié, je dit bien aucun, ne se décide à nous filer un coup de pouce. Alors, trop fiers pour se laisser abattre, on change de virage, direction le virage Nord. Là, même son de cloche, mais on dit stop et on s’incruste.

Oh ! Certes, beaucoup de qui ont démarré avec nous sont restés au virage Sud. Le virage Nord leur a fait peur ! Alors, d’une centaine, on démarre réellement le 8 août 92 à quarante, au virage Nord. Il y a certaines frictions avec le groupe existant au départ (Yankees), mais, à force de travail et de dialogue, ça va mieux. Chacun garde sa conception du métier de supporter, chacun a sa méthode, mais on a un seul et même objectif : à 110 % pour l’OM. Beaucoup d’entraves, mais déjà un premier objectif atteint : exister, être là, poser une bâche avec notre nom. Cette première saison se terminera en apothéose pour l’OM et pour nous : une coupe d’Europe.

Cette année, c’est le purgatoire : la D2. Il y a un peu plus d’un an, on jouait contre le Milan ou le PDSG (ah ! pardon, le Paris De canal+ Sainte Germaine), Cette saison, on jouera contre Sedan, Geugnon... Beaucoup en ont pris un coup au moral et ont abandonné le navire en voyant leur club en D2. Chez nous, cultivant toujours l’art du contre-pied, on repart, encore plus motivé que la saison dernière. La D2, bof, on s’en fout, on essayera de faire des spectacles comme si on jouait contre Barcelone. L’ambiance ? on fermera les yeux et on entendra encore certains chants de certains matches et on essayera de la maintenir. Cette année sera très dure et très longue, mais on sera là, fidèles à notre devise. Et surtout fidèles à notre réputation d’anti-conformistes. On se trouve dans un virage où on se sent bien, nos relations avec les autres sont meilleures et on est en progrès au niveau des spectacles. On a atteint le chiffre de 50 : aux personnes qui disent qu’à cinquante on n’est pas assez pour être représentatif ou même actif, nous répondons de la meilleure façon possible en leur exposant notre travail, notre foi et notre esprit de création. Pour notre travail, cette exposition en donnera un aperçu. Pour notre foi, nous leur donnons rendez-vous au virage Nord où ils pourront juger d’eux-mêmes ; car il vaut mieux être 50 et sauter que 500 et ronfler.

T.BIRDS Marseille
Un groupe uni jamais
ne sera vaincu


PS : Nous tenons à remercier toutes les personnes qui n’ont pas cru en nous, nous ont rigolé au nez, mis des bâtons dans les roues, tourné le dos, nous ont promis un coup de main et se sont retirés devant le travail. A ceux qui ont colporté des bruits, ont pris des paris sur notre réussite et sur sa durée, sont partis sans dire au revoir, à toutes ces personnes qui nous ont fait ou ont tenté de nous faire du mal nous disons un grand merci. Car sans eux nous avons existé, sans eux nous avons résisté et avec ou sans eux, nous vivons notre passion. Nos réussites et nos échecs ont d’autant plus de valeur qu’ils sont le fruit de notre travail et de rien ni personne d’autre. La seule à qui nous devions quelque chose, c’est une vieille dame, bientôt centenaire, cette vieille dame est une équipe de football et cette équipe c’est l’Olympique de Marseille.

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