“parler pour RIEN (dire)”, “un RIEN du tout”. Dans 3xRien (mettre en boîte) /ContreCarrer (2016), boîte contenant trois livrets, mi récit mi poésie, Flore Saunois décline ses “variations” autour du mot “rien” dans une éphémère “Collection de pas Grand Chose”. Elle y joue aussi de couches de papiers, de soie, calque ou glacé : texte sur et sous “peau” transparente et fragile. Cette œuvre annonce un fil rouge, le langage, et l’écriture comme matériau : sens élastique, syllabes rythmiques, textes plastiques.
Le langage se tenant entre inexistant et existant – nommer rendant réel, même “rien” –, Saunois s’intéresse à ce point de bascule entre apparition et disparition des choses. Dans des œuvres sur papier de verre ou carbone, les textes évoquent d’ailleurs leur support qui, au lieu de les conserver, pourrait les effacer.
Exigeants et subtils, ces “objets dérisoires soulevant avec humour des questions trop grandes pour eux” ne manquent pas de malice. [...] Le support choisi (installation, vidéo, pièce sonore ou édition) se fait traduction des mots en formes. [...]
Et les mots adviennent.
Aurélie Cavanna
Artpress, hors-série septembre-octobre 2020 |
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“parler pour RIEN (dire)” (Speaking to [say] NOTHING), “un RIEN du tout” (NOTHING at all). In 3xRIEN (Mettre en boîte)/ContreCarrer (2016) (3xNothing [Boxing/Countering], 2016), a box holding three leafl ets mixing narration and poetry, Flore Saunois displays her “variations” on the word “nothing”, thus creating an ephemeral “Collection de pas Grand Chose” (Collection of Practically Nothing). She also layers different types of paper, such as silk, tracing, or glossy paper. Her text appears on and underneath a fragile, transparent “skin”. This work announces a red thread: language and writing as materials. Elastic meaning, rhythmic syllables, plastic texts.
Language is precariously poised between being and nothingness - when they are named, things becomes real, even “nothing” does. Saunois’ work focuses on this tipping point between the appearence and the disappearance of things. In her works on glass paper or carbon paper, texts explicitly mention these surfaces that, instead of ensuring their preservation, might bring about their own erasure.
Demanding, subtle, such “unimportant objetcs humorously bringing up questions that are too heavy for them to bear” are not devoid of irony. [...] The specific medium chosen for each work (installation, video, sound art, or livre d’artiste) becomes a translation of the artist’s words into shapes. [...] And words come into being.
Aurélie Cavanna
Artpress, hors-série septembre-octobre 2020
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