PUGNAIRE & RAFFINI 

Paramnésis 2011
Vidéo HD, 10 min
Installation matériaux divers, dimensions variables
Vue de l’exposition Fondre, battre, briser, Centre d'art de Colomiers, 2013

Paramnésis est une œuvre composée d’une vidéo et d’une installation. La paramnésie (du grec « para » = à côté ; « mnésis » = mémoire) est en psychiatrie une pathologie ayant pour conséquence une perte de discernement entre la réalité et la fiction, liée aux souvenirs. C’est ce que l’on appelle couramment le syndrome du « déjà-vu ».
Le film met en scène l’auto-destruction d’un décor entièrement construit dans l’atelier : une série d’espaces emboîtés les uns dans les autres se désagrègent et tombent en ruine successivement. Cette réaction en chaîne commence dans un white cube éclairé par des néons, et se déploie dans des espaces inquiétants, étranges, indéterminés. On y rencontre une salle aux murs métalliques qui se contracte, des murs de polystyrène qui fondent sous l’effet d’une réaction chimique, du placoplâtre agressés à coup d’extincteur… On pense inévitablement à la célèbre vidéo de Fishli and Weiss, Der Lauf der Dinge (Le cours des choses, 1987), à la manière dont les objets s’activent et génèrent les conséquences de leur propre mise en œuvre. Paramnésis contient cependant une dimension plus cinématographique, due à l’attention portée au montage, à la photographie, et au son, ainsi qu’à l’esthétique des matériaux choisis. Cette facture fait basculer la désagrégation des espaces dans une dimension fictionnelle : les profondeurs de champ, très courtes, focalisent l’attention et créent une tension dramatique, voire cauchemardesque. L’univers de la série B et de la science-fiction (on pense à Poltergeist de Tobb Hooper ou encore à The Blob de Irvin S. Yeaworth Jr ) croise ici celui de la sculpture et de l’art processuel.
L’installation a été réalisée avec l’intégralité des décors du film. Tous ces éléments, sortis du cadre de la fiction, prennent place dans ce qui ressemble à une grande cabane composée d’artefacts. On y retrouve le polystyrène fondu, un parquet, des murs en tôles et en cartons, des néons, etc… , ainsi que des influences aussi hétéroclites que Thomas Hirschhorn, Carl André, ou Jackson Pollock. Certaines plaques d’inox, pliées, forment un agglomérat rappelant le travail de John Chamberlain ; mais on pense surtout à Roman Signer, dont le travail s’axe autour de « la mise en œuvre d’un système où la transformation des éléments se révèle lors d’un processus temporel » (Propos recueillis par Marc Olivier Walher en 1998) et aux œuvres haptiques de Robert Morris, un des premiers artistes à placer l’expérience physique et la mémoire au centre de la notion de processus.
Pauline Thyss

 
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