Florence-Louise PETETIN 

Baisse les yeux 2002
110 peintures
Huile sur toile, 22 x 27 cm
Vues de l’exposition Florence L Petetin, Max Armangaud, Galerie Athanor, Marseille 2002
 
Toutes ces petites peintures sont les parties d’un grand corps.
Je suis partie d’une idée : prendre chaque photo d’un ensemble, que j’avais, et faire une peinture avec chaque modèle photographique, sans trier, en gardant tout et les photos ratées, les répétitions, peindre systématiquement.
Je voulais enlever le sujet de l’image.
Qu’elle se vide de son importance narrative et porte en elle même ce qu’elle est. C’est une abstraction. Afin de mettre à distance le sentiment, et voir au delà.
Cette démarche par sa contrainte forte m’a donné un très grand espace de liberté, où je pouvais expérimenter, elle m’a déplacée de façon très ample dans la peinture, et sa réflexion.
Ainsi, dans les peintures considérées chacune individuellement, j’ai pu prendre beaucoup de distance par rapport aux modèles et j’ai également remis en cause ma façon de faire habituelle, avec mes limites, techniques, morales et esthétiques.
Et puis il y a aussi une mise à distance du sujet psychologique, sociologique, affectif, qui là concerne l’installation dans son l’ensemble.
Ca parle de l’identité, du groupe social, des relations entre les individus... ça parle de l’éducation, ça parle de la famille, de la dépendance à l’amour, ça parle des faits divers personnels et des faits divers des autres, d’une certaine société bourgeoise aux comportements parfois destructeurs, ça parle de la réalité et de la non réalité.
Tout le monde sourit, car tout va bien car nous vivons dans un monde très rose et doré où n’existent que les bons sentiments, les bonnes intentions (très important) et les belles choses. Pourtant, cette peinture là, cette femme défigurée par une grosse bite rouge dans sa bouche, que se passe t’il ? Mais que fait-elle là dans cette belle fête ?
C’est la mariée et les célibataires. en ce basculement de la situation, où le doute s’impose enfin comme une réalité .
Cette affaire est comme une deuxième abstraction, dans l’abstraction plus générale qu’est Baisse les yeux. Duchamp, qui m’attire dans son élaboration et ses réflexions - je veux amener un peu l’ensemble dans cette direction.
Il a noté à propos de La Mariée Mise à Nu Par Ses Célibataires Même ” La mariée possède son partner et les célibataires mettent à nu leur mariée.”
En effet il est considéré qu’elle appartient à tous, en ce jour de grande exhibition et de fête. -comment pourrait-elle ensuite se plaindre d’avoir mal à la bouche ?
Les célibataires regardent et aiment l’idole de la mariée
s’onanisant.
Mais la fête de l’amour dégénère, et comme la machine de Duchamp qui perdrait le contrôle, et s’emballerait en des mouvements furieux et violents par l’excès d’amour de ses moules mâliques, et détruiraient le système et casseraient la mariée.
La voilà maintenant toute abîmée, pour aller rejoindre son légitime mari, devant Dieu et devant les hommes.
Mais finalement tout ça n’est bien qu’une abstraction (encore) - il n’y a pas de relation réelle entre la mariée et les célibataires- malgré la centaine de figures qui la composent.
L’ultime mise à distance est là. Le sujet est à l’extérieur de la chose - la raison de Baisse les yeux n’est pas dans les peintures elles-mêmes, ou dans leur assemblement, ni dans les histoires que je raconte - L’objet est vidé de sa contenance.
Mais dans la démarche et dans les découvertes qui en sont issues. C’est vraiment hors de l’objet, à l’extérieur, avant et après qu’est l’existence de ce travail. Déplacer le sujet de sa place habituelle- le centre -c’est là qu’est l’abstraction.
Derrière sa jolie robe c’est - Des recherches en leur commencement.

110 paintings. Low Your Eyes. 2003
(Extract of the text)
This is a work on accumulation, on the multiplicity of images that chase each other like a hysteria of forced movements.
It i a criticism of a system of education where anguish reigns supreme
I am the multitude that you see here and there, there, there
I am the Meduse.
All that is nothing but a great abstraction. For the process, by the moves that form the core of work.
Take any subject, and squeeze it to the extreme, it gets emptied of its own sense, it becomes but a crutch for work.
A collection of photos, even bungled and repeated ones, that I have used systemetically one after another, to paint, without giving them a thought.
The constraint was strong. Yet I found there freedom, new and total, to make experiments.
I made discoveries.
Muzzle her. Let her not utter anything but polite and polished, pretty and prettily made up, foolish and false things.
There are bloodstains behind the paints. Each body is mangled under tortures unbearable.
All the while showing a big smile.
Otherwise, where is the pleasure ?(Translation Cyrille De Suza)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Baisse les yeux 2002
110 peintures
Huile sur toile, 22 x 27 cm
 
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