Panta Rhei 2006-2008
La fonte des glaciers est un phénomène visible de la perturbation portée par l’homme sur son environnement, et est traitée ici en tant que symbole d'évolutions climatiques moins directement perceptibles. Les paysages montagneux des Alpes (France, Suisse , Autriche, Italie) sont ainsi représentés à travers les mouvements de leurs glaciers. Les montagnes blanches éternelles sont approchées sans mythification, et on y découvre la saleté des glaces, leurs nombreuses brisures et leur fonte rapide. On passe ainsi d’un point de vue romantique sur les glaciers à une confrontation brutale avec leurs visages actuels. Depuis le milieu du 19eme siècle la température moyenne dans les Alpes a augmenté de 1,5° C . Dans cette même période les glaciers ont perdu la moitié de leur surface, se renfonçant progressivement vers les hauteurs et dégageant de larges pans de montagne grise sans végétation. Les glaciers, traditionnement admirés comme lieux de mémoire d’époques géologiques ancestrales, crystallisent désormais dans leurs devenirs une mémoire bien plus contemporaine du développement des sociétés.
Le titre de la série, Panta Rhei, était gravé à l’intérieur de la grotte de glace du glacier du Rhône. Expression de Platon résumant la philosophie d'Héraclite, il insiste sur l'éphémère de l'être, sur la fragilité du monde. Rien ne demeure, y compris les glaces éternelles, et cette confrontation renvoie le spectateur à la conscience de la précarité de son existence et de son univers de vie.
Mathilde Roman, 2006 |