Pascale MIJARES 

Il y a peut-être des issues de « sortie », tel que semble indiquer un panneau de signalisation fixé à une barre avec l’inscription « insula pomorum ». Il s’agit de « l’île aux pommes » (aussi dite d’Avalon), issue de la mythologie celtique, évoquée par Geoffroy de Monmouth (dans Vita Merlini, vers 1145) : Taliesin rapporte à Merlin des nouvelles d’une île où l’on ignore la mort, où règne la jeunesse et la santé éternelles, qui est la destination des héros après leur mort. Posé contre le mur, ce panneau semble être destiné à être porté comme une pancarte publicitaire : un sac, contenant un thermos et une gamelle, et l’indication « je reviens dans un moment », induisent une absence. C’est la place de quelqu’un qui travaille à signaliser l’utopie d’une société qui aurait aboli le travail. Cette « utopie » s’appellerait-elle industrie du tourisme ? La vente de paradis exotiques, le marché de l’évasion, ne peut s’accomplir qu’au prix de l’exploitation d’un marché spécifique de travail. Ou s’agiterait-il, à l’inverse, de quelqu’un qui aurait abandonné (même temporairement) la possibilité de l’utopie, envisagée comme une fiction permettant d’opérer une réflexion radicale sur le réel ?

Extrait du texte Pedro Morais
Exposition D'un point à l'autre, Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille

Insula Pomorum 2008
Plaque aluminium gravée, barre aluminium, papier, chewing-gum, sac, thermos et deux boîtes aluminium
180 x 70 x 40 cm
Vues de l'exposition D'un point à l'autre, Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille
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