L'artiste Loreto Martínez Troncoso présente une installation multiphonique, produite spécifiquement pour “Maquinaciones”, intitulée Poemarios garabato.
À partir de la proclamation "conspirer, c'est respirer ensemble" défendue par Radio Alice et son cercle dans les années 1970, reprise par Félix Guattari dans son projet de film sur les radios libres et réactualisée à la suite de la pandémie de COVID-19, Martínez Troncoso propose un espace d'écoute chaotique, où le son se transforme en bruit, et vice versa, au gré des déplacements et de la proximité des visiteurs.

Au centre de la pièce, un grand caisson de transport entrouvert laisse échapper, comme des tentacules ou du lierre, des câbles qui recouvrent certaines parties de l'architecture jusqu'à activer des haut-parleurs manipulés expressément pour rechercher de nouvelles sonorités et colorations possibles. À la manière d'une radio clandestine récemment installée, les ondes convoquent une multiplicité de psychophonies, de balbutiements, de ventriloquie, de voix mentales et émotionnelles, peut-être incarnées, ainsi que des réverbérations d'expositions, de conférences ou de performances passées qui constituent la mémoire du bâtiment en tant qu'hôpital transformé en musée. Sur certains murs, plusieurs schizocartographies dessinées au fusain, faisant référence au cri particulier d'un enfant diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique ou au besoin généralisé de réagir à quelque chose qui nous affecte, génèrent un autre type d'écho, d'interférence.
Le résultat est une sculpture sonore vivante, la respiration collective d'un corps sans organes, qui sonde les limites de l'audibilité et de l'intelligibilité pour explorer les voies d'une possible sémiologie a-signifiante.