Jérémy LAFFON 

Post-it 2016-…
Photographies, collection en cours (initiée en 2016)
 
Depuis l'époque préhistorique et les grottes pariétales, l'Homo habilis a laissé des traces de son passage grâce à des dessins d'hommes et d'animaux. Il est naturel de penser qu'il existait sûrement des marques que l'être humain a écrit à même le sol mais qui n'ont pas résisté au temps. Un support était essentiel si un héritage devait être transmis, les parois sont donc devenues le seul endroit où des signes ont pu être conservés.
Deux ou trois cent mille ans plus tard, nous voici devant le travail de Jérémy Laffon. Les "post-it" font partie d'un travail photographique qui n'est pas seulement réalisé par l'artiste mais également par d'autres plasticiens et amis de l'artiste qui permet d'enrichir un travail qui a pour base d'écrire sur une main. Chaque personne ayant ses propres habitudes et expériences personnelles, le spectateur extérieur pourrait y voir des choses incompréhensibles mais qui sont en réalité très simple à décoder pour celui qui en est l'auteur.
Peut-on y voir une critique de l'art dont de nombreuses personnes pensent qu'il est élitiste voir héliocentré ?... En tout cas il est intéressant de décoder les ratures, mots et chiffres pour y découvrir qu'il ne s'agit que d'une liste de course ou d'une future oeuvre que l'artiste ne veut pas oublier de créer.
Sachant qu'aujourd'hui la société vit avec un smartphone 24h/24, montrer un travail qui utilise des moyens très simple tel qu'un stylo et une main rappelle un aspect important des photographies : celui de la trace.
  Tout comme l'homme préhistorique, le support importe peu, nous devons nous débrouiller avec les éléments à disposition à l'instant T. Les artistes qui ont inscrit des signes sur leur main ont réitéré un acte ancestral (et je dirai même vital) de souhaiter garder dans leur mémoire un paramètre capital.
Un aspect pictural ressort parfois. Le recouvrement est en effet présent et visible sur certains clichés, certains mots sont presque invisibles, voire totalement raturés, impossible de revenir en arrière, comme si chaque ligne laissait une mémoire visuelle sur la peau, et pas seulement un "aide-mémoire".
Première fois montrés et exposés, ces penses-bêtes prennent également en compte la structure particulière de la galerie virtuelle. Parfois horizontal, parfois vertical, le format donne un rythme à l'enchaînement des photographies. De plus, les images sont entrecoupées des textes écrits sur les mains, plus lisible, certes, mais contenant toujours cet aspect archéologique, tel Champollion décodant la pierre de rosette.
Partant d'un postulat sobre, une modeste trace sur la main, Jérémy Laffon a donc créé une exposition virtuelle qui renoue avec un thème qu'il affectionne : l'art créé par des moyens simples, et qui s'inscrit dans une globalité plus grande faisant écho à chaque être humain.

Florian BRUNO, 2017
 
 
 
Post-it (tatoos) 2018
Tatoos issus de la série Post-it
 
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