Jérémy LAFFON 

 
De main en main
PPMP
(Love Story)
 


Basée sur le principe de la rumeur appliquée à l'image, l'installation De Main en Main participe à la circulation dans le temps de peintures chinées la plupart du temps anonymes, inconsidérées et sans statut. Tentative de réhabilitation du mauvais goût dans toute sa dignité.

Sorte de tableau dans le tableau, le jeu est ici présent à double titre : d'abord figuré par le personnage lui-même (le joueur de ping-pong) pratiquant le dribble incessant, puis par l'acte de greffe opéré dans le "paysage" d'origine, déjà porteur de l'ingratitude du temps. Comme si, étrangement, il ne pouvait y avoir aucun doute sur la véracité de sa présence, un raccord improbable se crée entre les deux périodes.
L'application d'une facture picturale adaptée à l'intrusion subtile du personnage fait donc de cet anachronisme visuel et sémantique, de ce décalage aux odeurs de cave, comme la prolongation intemporelle du burlesque dilettante présent dans Ping Pong Master Player.

Réalisé avec le savoir-faire et la discrétion du faussaire, ce travail tente donc d'accorder une seconde vie à ces peintures par le biais d'une réintégration légitime et ludique dans le champ de l'art ainsi que sur le marché des antiquaires.

Installation évolutive, réalisée en collaboration avec Jérémie Setton (restaurateur déchu)
Oeuvres anciennes, objets et retouches, dimensions variables, 2008-20...
 
 
 
Berger et moutons (signée A.Pertuis) début XXème/2008
Aquarelle sur papier, 50x33cm
Vue d'ensemble et détail
 
 
 
White 30 Landaulet 1911, (signé Clarence P.Hornung, Gallery of the Amercan Automobile) 1965/2008
Sérigraphie sur papier, 56x36 cm
Vue d'ensemble et détail
 
 
 
Assiette décorative Napoléon III non daté/2008
Email & vernis sur porcelaine, Diamètre : 25 cm
Vue d'ensemble et détail
 
 
 
Narcisse et Echo (signé G.Duchesne) fin XIXème /2008
Aquarelle sur papier
Vue d'ensemble et détail
 
 
 
 
Scène de famille (signé G.Devert) début XXème/2008
Huile sur toile, 45x38 cm
Vue d'ensemble et détail
 
 
 
 
Vue d'atelier


Affublé d'une raquette de ping pong et de manchettes chinoises -habituellement portées par les femmes effectuant une tache manuelle-, l'artiste se fait protagoniste d'une déambulation touristico-performative au fil des rues d'une mégalopole chinoise. Le voyage au "pays du centre" (Zhong guó) devient ici prétexte à un stage de formation : celui de "Maître de gravité". Alors que la figure du touriste devient outil, que balle et raquette se font matière, les différents modes de transport (marche, bus, pousse-pousse et taxi) apparaissent au fil des situations comme le support d'une certaine idée de résistance, comme la métaphore d'un art du refus, stoïcisme appliqué au champ contemporain. Le geste, obsessionnel mais rigoureux, concentré mais nonchalant, sert de repère au personnage, de rythme vital, de structure affective et stratégique lui permettant de ne pas se perdre dans cette immensité étrangère. Boulimie d'être et de devenir. Plus qu'une vidéo d'art : une histoire d'amour. (J.L.)

“Dans les deux parties de Ping Pong Master Player, la Chine devient l'antipode de l'attitude touristique, un terrain de
jeu actif et réactif, une circulation burlesque entre fiction et réalité. L'artiste joue un voyageur marginal, se construit la fable d'un pékin au parti fantastique d'une connexion culturelle via le ping pong (sport olympique) à l'Empire du Milieu et sacralise son expérience en peinture par le rebond sur la toile."
Luc Jeand'heur, 2007
 
 
Ping Pong Master Player (Love Story) 2007
Acrylique sur toile, 3 x (24 x 30) cm


         
Funky juice
Valises
La Tour P[i]RAT[e]
         
Very fumigène
Ping Pong Terrorism Un automne pas
comme les autres


Neo Beat generation
Luc Jeand'heur

Funky Juice on the Way of an Unfunky Youth recompose un paysage contre-nature. L'&œlig;uvre se rapproche d'une poésie du Land Art et son « ready-made assisté » en milieu urbain sous la forme de production d'une circulation éphémère. Sur le chemin de l'école obligatoire arpenté jour après jour « entre les murs », on observe soudainement l'irruption d'une altération facétieuse sous la forme de flaques d'un orange stupéfiant. Cette entrée en matière d'une altérité s'apparente à celle du peintre qui applique sur une œuvre son jus (un jus est une peinture très diluée, très liquide qui donne un effet de semi transparence sur le tableau ; en décoration, un jus sert à teinter un support absorbant comme par exemple le bois dont on veut laisser apparent les imperfections). L'œuvre répond plastiquement à une loi de contraste dans sa manière de combler les vides et de redonner de la surface : réel/imaginaire, solide/liquide, gris/orange, archipel/informel, train-train/art.
L'espace public et ses aspérités sont ainsi soumis à une transformation « paysagiste », qui se développe sur une surface à dramatiser la route (la fiction d'un accident écologique, une étrange pluie acide alien, une incivilité, une signalétique technique de travaux à effectuer sur la voirie habituellement bombée en « orange technique », un acte de protestation contre les projets de loi gouvernementaux sur le sens de la mission de service public de l'Education Nationale ?). On pourrait évoquer le phénomène de « l'inquiétante étrangeté » (das Unheimliche), concept théorisé par Sigmund Freud qui parle du sentiment de trouble ressenti notamment en présence d'un paysage familier que l'on a l'impression de ne plus reconnaître. L'inquiétante étrangeté apparaît chaque fois que devient floue la frontière entre réalité et fiction, entre vrai et imaginaire, entre art et réel. Cette expérience sensible de modification délirante de la réalité bouscule la relation d'habitude que l'on entretient avec elle. Le chemin ne va plus de soi. Cela peut être vécu sous forme d'angoisse ou au contraire comme une marque de magie.

 

Il s'agit de peindre le paysage à sa façon non pas pour entièrement recréer un monde paranoïde mais pour enrichir le quotidien d'une nouvelle expérience, un nouveau passage du vu au perçu, un jeu de piste et une course d'obstacles. La prestidigitation de l'art.
Cette manipulation pourrait cependant passer inaperçue aux yeux du passant affairé lancé sur la voie du travail, ainsi qu'aux automobilistes dans leurs bulles rigides qui traverse en vitesse. L'histoire se passe au niveau du sol. La transfusion de couleur se situe dans le champ de regard des enfants comme un “paysage de sens” imaginé en écho d'une vision différente de leur réalité et de leurs jeux. Les enfants sautent dans les flaques pour faire des vagues, pour transgresser l'obligation de netteté de leurs vêtements. Cette œuvre est celle d'un art de vivre et un art à vivre qui nécessite pour la comprendre une lecture “à sauts et à gambades”.
Un des points qui relie Funky Juice on the Way of an Unfunky Youth aux Visites Guidées et à Run! Run ! Productivity, Run Away ! est l'ancrage de la forme dans une esthétique de l'informe. Que ce soit les corps éclatés des savons, les images bougées des vidéos et les contours variables des flaques, le fil conducteur est de faire face à des formes indécises, voire indicibles. Georges Bataille a défini l'informe en 1929 : "Un mot dont la besogne est de déclasser, défaire la pensée logique et catégorielle, d'annuler les oppositions sur lesquelles se fonde cette pensée (figure et fond, forme et matière, forme et contenu, intérieur et extérieur, masculin et féminin, etc.)". Le travail de Jérémy Laffon relève le défi.
Cette installation précaire est vouée à croître et dépérir, comme toute chose organique, comme toute pensée en action. Jérémy Laffon s'attache à mettre en œuvre des situations semi-construites pour atteindre un point d'équilibre. C'est la nature extérieure à l'œuvre qui finalement agit, la pluie qui va faire diluer la pièce, le soleil qui va l'évaporer, le passage des usagers qui va l'éparpiller. Les micro-événements que l’aventure suscite sont essentiels aux déploiements du parcours: formes accidentelles, la contemplation du laisser-vivre, la perte, les souvenirs. Dans « un monde d'images », il ne demeure à la fin de l'histoire que des images.

 

 
 
 
 
 
 
Funky juice (on the way of an unfunky youth) 2008
Tirages lambda contrecollés sur dibon, 50 x 70 cm 1/5
Photographies issues de la performance à la Cité scolaire Bellevue, Albi


Personnifications d’une (dé)marche monomaniaque, La Timide et La Résignée sont autant de véhicules plastiques pouvant prendre différentes formes au gré du/de leur lieu de transit ; comme autant de possibles combinaisons formelles évoquant avec simplicité l’importance du peu.
 
 
 
 
 
La Résignée 2009
Valise en carton, balles de ping pong et corde, dimensions variables
Vue d'ensemble et détails
Photographie Phoebe MEYER
 
 
 
La Timide 2009
Dimensions variables, valise en carton et balles de ping pong
Photographie Phoebe MEYER
 
 
Croquis


 
 
 
La Tour P[i]RAT[e] 2009
Intervention in situ, Dompierre-sur-Besbre
Détails


 
Rumeur et Papillotes [propagation 1, 2, 3] 2011
Balles de ping pong fumigènes sur papier, 75 x 115 cm
Vue d'exposition, galerie Isabelle Gounod, 2011
 
Extension d'une performance sur plan, ces dessins aux relents de camphre témoignent du détournement de la fonction originelle de la balle de ping pong. Transformées pour l'occasion en fumigènes artisanaux, de multiples balles papillotées sont ici seule matière à cribler le papier, se disputant peu à peu les quelques zones encore vierges.
 
 
Sans titre (fulmicoton) 2010
Balles de ping pong fumigènes sur papier 250g, encadré, 56x76cm
Production Astérides, 2010
 
 
 
Sans titre (fulmicoton) 2010
Balles de ping pong fumigènes sur papier, 75 x 110 cm
Vue d'ensemble et détail
 
 
Sans titre (fulmicoton) 2010
Balles de ping pong fumigènes sur papier, 55 x 75 cm
 
 
Détail de réalisation
73 balles, 1,4 mètres de papier aluminium et 3 briquets.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ping Pong Terrorism 2008
Performance, Lycée Bellevue, Albi


 
Un automne pas comme les autres 2008
Tirage lambda contrecollé sur dibon, 50 x 70 cm, 1/5
Retour