Jérémy LAFFON 

 
Sin titulo (sans titre) 1/3, 2024
Cosses de Tabachin, caoutchouc
 
Manifestación de lo extraño, 2024
6 photographies 100x150 cm, aimants

Destapa la felicidad 2024
Vidéo, 1’46
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La Mano de Goma, 2024
Gomme à mâcher naturelle, structure métal, moulage en plâtre
 
La Mano de Goma, 2024
Détail
 
Mascara de Vocho (Beetle 1964), 2024
Métal
 

De gauche à droite :
Pluma, 2024
Video, 6’15’’
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Sierra Morena (La Montage Entaillée), 2024
Pains de sucre de canne

Para mirar la luna me caí en la laguna, 2024
Résine acrylique teintée, cosses de Tabachin

Manifestación de lo extraño, 2024
6 photographies 100x150 cm, aimants

 
Sierra Morena (La Montage Entaillée), 2024
Piloncillos (azucar morrena) / Pains de sucre de canne
 
Proto-aguacates (Proto-avocats) 1/6, 2024
Peaux d’avocats, épingles, résine acrylique, cire
 
Para mirar la luna me caí en la laguna, 2024
Résine acrylique teintée, cosses de Tabachin
 
Mascara de coche (Ford Coupé 1936), 2024
Calcédoine (pierre fine)
 
 
Mascara de Vocho (Beetle 1964), 2024
Charoïte (pierre fine)
 
 
No es sequia, es saqueo (Ce n’est pas de la sécheresse, c’est du pillage), 2024
Marbre noir Orizaba et blanc Bego, bois
 
Pared de herramientas (Mur d’outils), 2024
Marbres blanc Bego, Tabaco, gris Masagua, noir Orizaba et rose Tepeaca), Onix jaune, Travertino rouge (+ un moulage en résine acrylique imitation marbre)
 
Pared de herramientas (Mur d’outils), 2024
Détails
 
Buena y mala conciencia, 2024
Plaque signalétique en braille (rue Hidalgo), plumes de pigeon
 
 
Un des attributs souvent mis en avant pour qualifier l’objet d’art est son inutilité. Non sans ironie, Jérémy Laffon fait sienne cette définition lorsqu’il rend inutilisables et donc improductifs des outils tels que pinces, marteaux, gants et autres instruments nécessaires, entre autres, à la fabrication... d’objets d’art.
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Un des attributs souvent mis en avant pour qualifier l’objet d’art est son inutilité. Non sans ironie, Jérémy Laffon fait sienne cette définition lorsqu’il rend inutilisables et donc improductifs des outils tels que pinces, marteaux, gants et autres instruments nécessaires, entre autres, à la fabrication... d’objets d’art. Rendre inutiles des outils en en faisant des répliques en marbre, ériger des colonnes de pains de sucre dressés les uns sur les autres, étirer du chewing gum sont quelques-uns des gestes que s’autorise l’artiste pour occuper une des salles d’exposition du musée de la ville de Querétaro. À rebours de son habitude, il décide cette fois d’inclure un matériau moins «vulgaire» que ceux qu’il enrôle habituellement : du marbre. Marbre auquel il impose cependant de cohabiter avec du chicle du Yucatan étiré à l’extrême sur une structure métallique reproduisant celle d’un panneau d’affichage tel qu’on en voit un peu partout dans le pays aussi bien en ville qu’à la campagne.
Les photographies qui accompagnent les sculptures brièvement évoquées ci-dessus fixent des détails rencontrés au hasard de dérives urbaines. Des choses sans valeur que Jérémy Laffon soustrait à l’indifférence et qu’il élève au statut de sujets en les photographiant. L’artiste ne peut se défendre d’agir en poète avec les matériaux qu’il choisit. Il les travaille de telle manière qu’ils en viennent à jouer une partition pour laquelle ils n’avaient jamais été conçus.
Les mises en scène élaborées pour le musée mexicain épousent les codes d’une esthétique de sans domicile fixe au sein de laquelle règne une joyeuse précarité que renforce la mise en place d’équilibres improbables et sucrés. Jérémy Laffon invente des totems contemporains dérisoires que l’on ne peut s’empêcher de relier à la perte d’adhérence de l’époque actuelle. Une vingtaine de fragiles tours glucosées, dont l’humidité et quelques fourmis avides de sucre pourraient bien avoir raison, pointent leurs cimes vers un plafond de solives horizontales bien alignées. Jérémy Laffon affectionne une possibilité évolutive de certaines de ses propositions tridimensionnelles. C’est-à-dire qu’il met en place des dispositifs faits de matériaux qui vont continuer d’inter-réagir sans qu’il n’ait plus à s’en mêler. On peut présumer que le chicle va par exemple sécher et partir peu à peu en lambeaux adoptant de la sorte l’aspect déchiqueté des publicités abandonnées aux intempéries des mois voire des années que l’on peut voir le long des autoroutes mexicaines.
L’art est une occupation qui requiert une attention singulière de la part de ses pratiquants. Le Mexique, loin d’être standardisé, est un puits sans fond pour les chasseurs d’insolite et autres poètes fatigués des supposées vertus d’une raison tyrannique. Qu’un orfèvre de l’inutile y trouve inspiration et stimuli ne surprendra personne.
Michel Blancsubé

 
Vues de l'exposition La Mano de Goma, Museo de la Ciudad, Santiago de Queretaro, Mexique, 2024
Sur une invitation de Gabriel Hörner García
Avec la complicité de Clémence Thébault, Michel Blancsubé.
Remerciements particuliers à : Altacaliza (y sus artesanos), Fernanda Veca, Ismaël Aguirre Otero, Chicza, Agustín Aldrete Yar- za, Gaspard Le Guen, Tomas Utillano, Mimetica, Cristina Bringas, Gregorio Martinez Gonzalez, Edith Puga (y su papá), Caín Torres, Jenaro Ezpartaco Arroyo, Béatrice Guignard, Antonio Loyo- la, Allianza Francesa de Querétaro, Elise Fijak, Yann Lapoire.
Avec le soutien de : Fondation des Artistes, CNAP – Centre National des Arts Plastiques y el Instituto Francés.
 
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