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De printemps en printemps, la compagnie, Marseille
Résidence à la compagnie, lieu de création
Janvier 2021 à mai 2022
Commissaire : Paul-Emmanuel Odin
Conçue à partir de l'histoire du lieu d’exposition (menuiserie, ébénisterie jusqu'en 1995, puis galerie d'art), les installations déclinent divers aspects de la construction et de la production d'images qui en découle : à partir de modèles, de maquettes ou de réalisations à l'échelle. (Lire le texte d'Edouard Monnet sur le site de Vidéochroniques).
www.la-compagnie.org
Arriver, repartir, revenir chaque mois à Belsunce, venir y séjourner en toute saison m’amène à construire un projet artistique sous l’égide du végétal.
Nous sommes en hiver, période où les plantes sont actives sous terre afin de préparer l’éclosion des bourgeons. Si la croissance de la partie visible de la plante est à l’arrêt, elle œuvre à sa traversée des mois de froid : à savoir la respiration des cellules, la pousse des racines, jusqu’à former une protection là où naîtront les futures pousses feuillées.
Je saisis cette apparente immobilité des plantes pour faire un inventaire des espèces poussant dans les rues du quartier : un herbier qui comprend des photographies, et des histoires qui lient les personnes et les plantes. |
Atelier Terre /éléments d’un trésor |
En octobre 2021 nous mettons en place un atelier terre avec la complicité de Déborah Repetto Andipatin.
L’envie de créer un trésor vient de l’inépuisable richesse que je perçois, reçois et photographie dans le quartier Belsunce. Ce qui me séduit dans la fabrication d’un trésor dont les éléments sont liés au quartier, à sa végétation, est une idée chère à Frédéric Nietzsche d’un processus de transformation : passer de l’ombre au devant de la scène, de l’histoire lointaine à aujourd’hui, du rejeté au désirable. « J’ai utilisé cette semaine à inverser les valeurs. » écrit-il dans une lettre à un ami en 1888. Tel un alchimiste transformer le rejeté, le délaissé en or.
Notre travail de la terre emprunte ce chemin de transformation.
Le trésor a été composé par :
Messaouda Tahtah, Valentine Ponçon, Oussama Mouhoubi
Paul-Emmanuel Odin, Noémi Di Biase, Éliane Laurent, Hyunji Jung, Fabienne Porcher, Dalila Feddaoui, Jacqueline Ferrero, Fathia , Chamsia Daoud, Elsa Ledoux, François Billaud, Edwige Gerdelat, Judith Bligny-Truchot, Jean Schneider, Claude Mabélé.
Les éléments de trésor donneront forme à une installation montrée au printemps 2023 à la compagnie.
Un livre et une exposition sont à venir au printemps 2023. |
Une visite au Musée d’Histoire de Marseille fut l’occasion pour nous de découvrir, d’observer et passer un moment avec les objets trouvés lors des fouilles archéologiques dans le quartier Belsunce : peuvent-ils avoir un rôle de « guide », comment les considérer dans l’histoire que nous vivons au jour le jour, est-ce que l’on peut “écouter“ les objets et les faire résonner entre eux ?
L’existence d’un important village potiers sur la butte des Carmes dans l’Antiquité, fait naître l’idée d’étendre la notion de la “vitalité à Belsunce“ – des personnes, des initiatives, des plantes –aux productions en terre cuite. |
Une personne qui passe à la compagnie, une plante de rue ou d’intérieur, une attention bienveillante et une breve mise en lumière. |
La technique du scan présente la particularité de reproduire une partie de l’objet – celle qui touche la vitre – avec une extrême précision, alors qu’elle relègue les parties plus éloignées de la vitre dans le flou. Les objets semblent flotter à la surface, à notre regard, se détachant d’une profondeur insondable.
Je concède au scanner la capacité technique de restituer visuellement une forme d’enthousiasme, d’émerveillement à la vue d’une fleur, d’une texture ou d’un morceau d’écorce. La rapidité de la saisie et une profondeur de champs réduite traduit à mon sens notre capacité d’isoler une couleur ou une forme de son contexte pour la rallier à ce que j’appellerais donc les « points de contact » avec la Nature. J’entends par « points de contact » une sorte de catalogue personnel qui compose avec les souvenirs d’enfance, les voyages, l’iconographie existante, les œuvres d’art, les histoires et des formes logées dans notre mémoire profonde.
Le passage à la couleur est peut-être celui d’une robe que la nuit offre aux végétaux. Une lumière que l’on ne voit pas, qui est intérieure. |