Amandine GURUCEAGA 

 
La déchirure 2018
Métal, cuivre, peaux d’agneau entrefino transparentes, approx. 3,70x180cm
Vue d’exposition Bourse Révélations Emerige
Metal, copper, transparent entrefino lamb skins, approx. 3.70x180cm
Exhibition View Bourse Révélation Emerige
 
 
 
   
 
 
Acid Mix Pergamine III et Acid Mix Pergamine IV 2018
Métal, résine, peaux d’agneau entrefino transparentes, approx. 180x180cm
Vue d’exposition Bourse Révélations Emerige © Rebecca Fanuele
Metal, resin, transparent entrefino lamb skins, approx. 180x180cm
Exhibition View Bourse Révélation Emerige © Rebecca Fanuele
 
 
Acid Mix Pergamine III (détail)
© Frédéric Clad
 

 

 
Extrait du catalogue Outside Our, Éditions Révélations Emerige
Texte de Marine Relinger

Sonder la matière, l’amincir, jusqu’à mettre à jour les stigmates de son histoire, les inscriptions qui témoignent de sa relation au monde, de sa relation à la main de l’artiste en constante négociation, avec elle. Tissus délavés, cuirs translucides, lames de métaux brûlés... Les sculptures d’Amandine Guruceaga sont le résultat d’alchimies en quête d’états limites de matériaux ordinaires. C’est alors sous la figure tutélaire de l’étrange et de l’étranger qu’ils reviennent investir notre espace, pour nous poser leurs énigmes, renouvelées.
Amandine Guruceaga a commencé par travailler le wax, ce tissu africain originellement développé par les colons afin d’en faire commerce, le décolorant afin de faire apparaître les « réactions » de la matière, les motifs qui par endroits disparaissent ou, au contraire, persistent. Elle a depuis produit des séries de cuirs translucides tels des vitraux – résultat obtenu à l’issue d’une résidence à la tannerie Riba Guixà…


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  Extrait of Outside Our, Editions Révélations Emerige
Text by Marine Relinger

Probing the matter, thinning it down until it reveals the scars of its history, the inscriptions that are evidence of its relation to the world, and its relation to the hand of the artist, constantly negotiating with it. Washed-out fabrics, translucent leathers, blades of burnt metal...
Amandine Guruceaga’s sculptures are the result of alchemies looking for borderline conditions of ordinary materials. It is then under the tutelary figure of strangeness and the unknown that they come back to flood our space in order to present us with renewed enigmas. Amandine Guruceaga started up by working on wax - an African fabric originally developed by the colonists who would then sell it and developed by the colonists who would then sell itand bleaching it to reveal the material’s «reactions», the patterns which disappear in some spots, or conversely, remain in others. Since then she has produced series of translucent leathers, similar to stained-glass windows - the result was achieved after a residency at the Riba Guixà tannery…


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Sonder la matière, l’amincir, jusqu’à mettre à jour les stigmates de son histoire, les inscriptions qui témoignent de sa relation au monde, de sa relation à la main de l’artiste en constante négociation, avec elle. Tissus délavés, cuirs translucides, lames de métaux brûlés... Les sculptures d’Amandine Guruceaga sont le résultat d’alchimies en quête d’états limites de matériaux ordinaires. C’est alors sous la figure tutélaire de l’étrange et de l’étranger qu’ils reviennent investir notre espace, pour nous poser leurs énigmes, renouvelées.
Amandine Guruceaga a commencé par travailler le wax, ce tissu africain originellement développé par les colons afin d’en faire commerce, le décolorant afin de faire apparaître les « réactions » de la matière, les motifs qui par endroits disparaissent ou, au contraire, persistent. Elle a depuis produit des séries de cuirs translucides tels des vitraux – résultat obtenu à l’issue d’une résidence à la tannerie Riba Guixà. Sur ces peaux apparaissent les veines, ossatures et cicatrices de l’animal, vergetures que favorise l’élevage intensif dont il a fait l’objet. « L’histoire est inscrite dans la matière », souligne l’artiste. Amandine Guruceaga, dans un geste d’abord de révélation, de soin, la déplace. Là, des peaux aux teintes chlorophylle, prises dans leurs caissons lumineux comme entre les lamelles d’un biologiste, semble proposer une synthèse de l’ordre organique, animal et végétal (série Myth Tartar, 2017). Ici, les multiples couleurs d’un patchwork de cuirs se superposent au centre de la composition, avant de se déployer autour de ce vortex centrifuge : elles entrent en relation, comme sur la palette du peintre (Acid Mix Pergamine I, 2017).
« La relation, c’est notre manière de se changer en échangeant avec l’autre, sans se perdre, ni se dénaturer », a déclaré l’auteur et philosophe Édouard Glissant, souvent cité, à raison, face au travail d’Amandine Guruceaga. Sa sculpture Su lengua afilada (2017) agence ainsi un pan de cuir transparent et une fine languette d’acier aux contours inégaux et moirés brûlés par la flamme d’un chalumeau – autre exercice que l’artiste affectionne – qui lui sert de support. Une esthétique tout en contrastes, entre massivité et instabilité, tranchant et fragilité. On pense alors au troisième lieu qu’est l’intime, selon le philosophe François Jullien, cet au-delà indéfinissable où se constitue la rencontre, irréductible aux identités qui la composent. De même, le travail d’Amandine Guruceaga semble se jouer des frontières, entre peinture et sculpture, entre art et artisanat.

Marine Relinger

 

Probing the matter, thinning it down until it reveals the scars of its history, the inscriptions that are evidence of its relation to the world, and its relation to the hand of the artist, constantly negotiating with it. Washed-out fabrics, translucent leathers, blades of burnt metal...
Amandine Guruceaga’s sculptures are the result of alchemies looking for borderline conditions of ordinary materials. It is then under the tutelary figure of strangeness and the unknown that they come back to flood our space in order to present us with renewed enigmas. Amandine Guruceaga started up by working on wax -an African fabric originally developed by the colonists who would then sell it and developed by the colonists who would then sell itand bleaching it to reveal the material’s «reactions», the patterns which disappear in some spots, or conversely, remain in others. Since then she has produced series of translucent leathers, similar to stained-glass windows -the result was achieved after a residency at the Riba Guixà tannery. The animals’ veins, bone structures and scars appear on these skins, like stretch marks created by the intensive farming they were subjected to. «Life stories are written in matter» she points out. Amandine Guruceaga shifts them with a gesture of revelation and care.
There, chlorophyll hued skins, trapped in their light boxes, reminiscent of a biologist’s microscope slides, seem to be offering a synthesis of the organic, animal and vegetal order (Myth Tartar series, 2017).
Here, the multiple colours of a patchwork of leathers are placed on top of each other at the centre of the composition before unfolding around this centrifugal vortex: they connect, like they do in the artist’s palette (Acid Mix Pergamine 1, 2017). Author and philosopher Édouard Glissant said that «’relations are a way to change by exchanging with other people without being lost or altered». He is often rightly quoted alongside Amandine Guruceaga’s work. Therefore, her sculpture Su lengua afilada (2017) puts together a piece of transparent leather and a thin steel strip with irregular and iridescent edges, burnt by the flame of a welding torch - another exercise the artist has a fondness forthat works
as a prop for it. Hers is a form of contrasted aesthetics, between immensity and instability, between sharpness and fragility. Intimacy as a third place comes to mind, in accordance with philosopher François Julien. The encounter occurs within this notion of beyond, it is indefinable and not limited to the identities that make it up. Similarly, Amandine Guruceaga’s work seems to make light of the frontiers between painting and sculpture, art and craftsmanship.

Marine Relinger

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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