Alice GUITTARD 

 
Vues de l'exposition Echec-plaisir, galerie DoubleV, Marseille, 2021
Photographies Jean-Christophe Lett
 

«Elles ne sont pas un couple de jumeaux passivement identiques. (...) La gauche, cette main qui désigne injustement le mauvais côté de la vie. (...) Construite comme l’autre, elle a les mêmes aptitudes, auxquelles elle renonce pour l’aider. (...) C’est un bonheur que nous n’ayons pas deux mains droites. (...) S’il en était autrement, nous serions submergés par un affreux excès de virtuosité. Nous aurions sans doute poussé à ses limites extrêmes l’art des jongleurs - et probablement rien de plus»

Inlassablement, l’une et l’autre s’attèlent à leur besogne. Comme un ballet que rien n’altère, séparées (reliées) tout au plus par un cadratin : échec — plaisir. Au singulier, comme deux êtres d’un couple inséparable. Aux veines des marbres répondent les lignes des mains, elles témoignent de nos vies antérieures, d’héritages lointains et de futurs à fabriquer ; autant d’échec hier que de plaisir demain.
Ensemble elles s’activent, à la façon florentine, dans une nouvelle dialectique, celle des yeux et des mains, du voir et du faire. Sélectionner dans le hasard de la beauté des pierres pour transcrire l’image décomposée. Alice Guittard, pour sa première exposition personnelle présente cinq nouvelles images en marqueterie de marbre, technique découverte lors de déambulations ottomanes. Cinq mises en scène de celles qui les ont façonnée : les mains, gauche et droite, qui tiennent, s’unissent, caressent, ou à travers lesquelles l’eau glisse. Instants figés en image, sublimés par la lumière, enfermés au coeur de la pierre. Pas dans la simplification, pas dans la perte, plutôt dans le souvenir précis.

Ensemble elles imaginent, comme à lire dans les formes des nuages. L’imbrication de chacune des pierres est comparable au processus photographique. Tel le plaisir enfantin du carré et du cercle, il faut assembler, recomposer pour révéler les images. Ici égales à des tentations charnelles qui plus est à portée de mains. Prédatrices, ces pierres nous renvoient à l’absence, l’absence de mots. Ils sont avant ou après. Comme le minéral à l’eau et au feu ; dans le travail de Alice Guittard la littérature est tout à la fois préquel et séquelle. Une manière alléchée de toucher aux origines ou de frôler la mort.
À l’échec et au plaisir, l’éternité.

Thomas Havet

 
échec—plaisir
Poster A2 tiré en 100 exemplaires et disséminés autour de la galerie juste avant le vernissage
 
Deux mains, 2021
Marqueterie de marbre, 102x74cm
 
Slime, 2021
Marqueterie de marbre et onyx, 69,5x64x2cm
 
5 mains, 2021
Marqueterie de marbre, diamètre 60cmx2cm
 
Capote, 2021
Marqueterie de marbre et onyx, 61x85cm
 
échec—plaisir
Édition 20,5x28cm, 76 pages, tirée en 35 exemplaires
 
Portrait vidéo de 3’10’’ dans l’atelier à Vitry-sur-Seine en avril 2021 à l’occasion de la préparation de l’exposition échec—plaisir
Commande de la galerie Double V, Marseille
 
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