Ainsi naît un événement pictural qui transcende les techniques habituelles de la peinture, mais reste une toile. Ce que l'artiste accomplit, c’est la création d’une peinture dans laquelle toute immobilité est vaincue. Malgré, ou précisément parce qu’elles semblent constituer le mouvement primaire de la matière, s’apparenter aux vibrations d’une potentialité matérielle, les condensations et dissipations nuageuses sont à la fois intensément belles et harmonieuses. Le visiteur est plongé dans un état où les références temporelles sont devenues fluides. Il perçoit les altérations extrêmement lentes sur la toile et s’apaise dans une contemplation éveillée proche de celle que l’on connaît lorsque l’on fixe longuement l’horizon. C’est un regard semi intérieur, qui perçoit l’extérieur, le lointain, sans focaliser - moins une observation qu'un état d’âme, attiré par ce qui advient derrière cette ligne frontière. C’est comme si le temps et l’espace se condensaient pour devenir une substance, une "épaisseur", comme le dit l’artiste, comme s’ils étaient sur le point de devenir perceptibles dans leur essence même.
Doris von Drathen, extrait de Nulle part, l’immobilité, catalogue monographique Sur le pas, ed. La Fabrique Sensible, 2005
Proche de la gare de Marseille, la Friche la Belle de Mai, ancienne manufacture de tabac. De nombreux espaces sont vacants, détruits, murés, d'autres se construisent. Chantier en cours, ruelles intérieures sombres, vastes parkings délabrés, grilles métalliques, murs partiellement effondrés, ciment et béton brut. Nombreuses allées et venues.
De loin, d'en haut, la ville se déploie en façades claires et en toits de tuiles.
Portes en fer, escalier métallique, deuxième étage. La galerie est un espace rectangulaire et massif, aux murs de parpaings peints en blanc, au sol de bitume.
La lumière entre, filtrée par une série de fenêtres translucides au verre dépoli, et pleine par deux hublots sans vitres. Par ces hublots : les toits, les façades, les voies de chemin de fer, les murs tagués, la cour de la friche en partie détruite.
Le bruit du passage des trains est présent : crissements de leurs arrivées ou de leurs déplacements. Sons de répétitions intermittents.
L'espace est laissé vide.
Les propositions sont à fleur de murs, à la limite de cet espace rectangulaire et brut. A gauche en entrant, trois panneaux de bois verticaux se décalent du mur selon trois angles différents, peints de trois ocres orangées côté mur, blancs à l'extérieur. Plus loin, est tendue une toile grise en pvc. Y apparaît par moments une masse lumineuse gris clair qui se déplace, en respirations lentes, suivie de masses orangées, et dont les intensités varient avec la lumière du jour.
3 panneaux de bois enduits et peints 430 x 205 cm.
Toile PVC, 420 x 400 cm, 28 fluorescents aux gradations programmées en variations de blancs neutres, gris et oranges.
Avec les inventeurs Fabrice Gallis et Guillaume Stagnaro et le créateur lumière Serge Damon
15 octobre - 5 novembre 2005, Galerie Friche la Belle de Mai, Marseille.
Conseil Artistique à la Création, région PACA/association Triangle France/société Texen.n.
Near Marseilles' train station, the Friche la Belle de Mai, a former tobacco plant. Numerous spaces are vacant, destroyed, walled, others are in the process of being built. A construction site, dark interior streets, vast dilapidated car parks, steel grating, partially collapsed walls, cement and raw concrete. Countless coming and goings.
From afar, and on high, the city unfurls in an array of luminous facades and terracotta roof tiles.
Iron doors, steel staircase, second floor. The gallery is a massive, rectangular space, with cinderblock walls painted white, and an asphalt pavement.
Light enters, diffused through a series of translucent frosted windows and directly by way of two portholes without windowpanes. Through these portholes : roofs, facades, train tracks, tagged walls, the friche partially destroyed.
The sound of the trains can be heard as they move about, punctuated by the squeaking brakes of those that arrive. Intermittent, repetitive sounds.
The space is left empty
The propositions hug the wall, at the confines of this raw rectangular space and the outside. Immediately upon entering, on one's left, three vertical wood panels emerge from the junction between the floor and the wall at three different angles. Each panel is painted a different shade of orange ochre on the side facing the wall, and painted white on the side facing the room. Farther down, a tightly taut gray pvc fabric hugs the wall. A light gray luminous mass appears periodically on the canvas, shifting positions in a slow, breath-like motion. It is followed by an orange color whose intensity varies with the natural light.
3 wood panels 430 x 205 cm.
PVC canvas, 420 x 400 cm, 28 fluorescent tubes whose gradations are programmed in variations of neutral, gray and orange.
With the inventors Fabrice Gallis and Guillaume Stagnaro and the lighting designer Serge Damon
October 15th - November 5th 2005, Galerie Friche la Belle de Mai, Marseilles.
Conseil Artistique à la Création, région PACA/association Triangle France/société Texen.