Depuis le mois de juin, plusieurs semaines durant, Hélène Bertin, Sébastien Desplat, Bettina Henni et Lola Verstrepen ont travaillé tantôt séparément – chacun.e menant ses propres recherches – et collectivement, assemblant alors leurs techniques et sensibilités pour une production à huit mains aujourd’hui dévoilée.

Notre volonté initiale était de rendre compte de deux recherches : celle menée en 2022 par Sébastien Desplat à la Villa Kujoyama (Kyoto) autour du Moku Hanga, la technique d’impression sur bois traditionnelle au Japon. Et « Danseurs-cueilleurs – Voyage dans les caches de la terre », une recherche consacrée à la figure du cueilleur qu’a développée Hélène Bertin durant sa résidence à la Villa Médicis (Rome), qui s’est achevée il y a quelques semaines. Ces deux sujets ont fait naître chez nous un désir de rencontre et de partage auprès du public, qui a pu se concrétiser dans le cadre du programme ¡Viva Villa! (voir ci-contre).

Au Japon, avec l’apprentissage de la technique du Moku Hanga, Sébastien Desplat désirait s’engager dans une démarche écologique, respectueuse de l’environnement et de la santé des ouvriers et artisans de l’imprimerie, dans un secteur où cette question a souvent été mise au second plan. L’usage d’outil manuels et de produits naturels, issus de la tradition ou des dernières recherches en la matière, font désormais partie des savoir-faire qu’il emploie dans son métier d’imprimeur.
En Italie, en collectant les gestes de la cueillette, Hélène Bertin a pu poursuivre l’observation attentive du quotidien rural, des traditions et des rites, de l’archaïque et du magique, constitutive de sa méthode et de son œuvre protéiforme.

Mais le simple projet de restitution de leur recherche respective s’est rapidement transformé en une rencontre encore plus riche, avec l’invitation faite à Bettina Henni et Lola Verstrepen à les rejoindre. Faiseuse d’images et imprimeuse, Bettina Henni travaille actuellement à un Catalogue de Santons (inventoriant objets et végétaux du quotidien en Provence) dont les dernières étapes feront l’objet d’une résidence à Marseille à l’automne (voir plus loin).
Lola Verstrepen est designeuse et teinturière à Lauris (Luberon), un village empreint d’une histoire de la couleur végétale, où elle a appris les techniques de teinture naturelles qu’elle emploie aujourd’hui dans l’ensemble de ses productions.

En les invitant à travailler ensemble, il s’agissait d’associer techniques d’impression et de teinture, gestes ancestraux et savoir-faire populaires, plantes tinctoriales et matériaux naturels de la région. Et ainsi rendre compte des échanges possibles entre la sensibilité, les connaissances et les techniques de ces quatre artistes artisan.e.s.