Vues de l'exposition Tu m’accompagneras à la plage ?, CRAC Occitanie, 2019
Invitation Marie Cozette
Photographies Marc Domage |
Depuis six ans, l’artiste Hélène Bertin mène une recherche autour de la vie et de l’œuvre de Valentine Schlegel (née à Sète en 1925). Cette recherche a donné lieu à la publication d’un catalogue ainsi qu’à une exposition présentée au CAC Bretigny en 2017, toutes deux saluées par la critique et véritable succès public. L’exposition au CRAC Occitanie à Sète s’inscrit dans le sillage de cette première exposition et permet de rendre un vibrant hommage à une artiste qui est née et a grandi à Sète.
Le premier volet à Brétigny rassemblait une sélection variée de travaux : cheminées, vases, maquettes, collection de couteaux, objets modestes... et a permis de faire connaitre la diversité du travail de Valentine Schlegel à un large public. L’exposition à Sète a la particularité d’être présentée dans le territoire même qui a vu grandir l’artiste et n’a cessé de l’inspirer, qu’il s’agisse des paysages, du port, des pêcheurs, de la culture sétoise et d’un art de vivre local ou encore et surtout du tissu social et humain qu’elle fréquentait.
Valentine Schlegel a peint des costumes pour les premiers festivals d’Avignon, elle a réalisé des vases, des sacs, des couverts, des cheminées, des bas-reliefs, fait de son lieu de vie et de travail une œuvre d’art à part entière. L’exposition invite ainsi à une approche horizontale et décloisonnée des territoires convenus de l’art et présente notamment une série de costumes peints, des vases, des maquettes en plâtre de ses cheminées, ainsi que la collection de couteaux de l’artiste.
L’exposition permet par ailleurs d’inscrire Valentine Schlegel dans une généalogie humaine et artistique, une chaine de transmission culturelle dans laquelle elle a reçu de ses proches et des générations passées, autant qu’elle a transmis aux plus jeunes des savoir-faire, des techniques, des outils. Cette logique de co-création permanente met en lumière la puissance de l’expérience collective.
La dynamique collective, Valentine Schlegel la découvre notamment lorsqu’elle commence à travailler pour les premiers festivals d’Avignon de 1947 à 1951. Dans ce cadre elle est accessoiriste, régisseuse générale et assiste le peintre Léon Gischia (1903 – 1991) pour la réalisation de costumes. Une sélection est présentée dans l’exposition, en parallèle d’une série d’aquarelles et de gouaches, maquettes préparatoires à la réalisation des costumes de théâtre.
L’expérience collective se cristallise par ailleurs dans les cheminées qu’elle crée pour des particuliers à partir des années 60, et jusque dans les années 2000. Elle rassemble autour d’elle, assistants, artistes et artisans avec qui elle partage des chantiers de plusieurs semaines.
Christian Desse est l’un deux, présent dans l’exposition à travers une série de sculptures en os, os de seiche et hampes de plume.
L’exposition convoque enfin un des amis de Valentine Schlegel, Charles Biascamano, dernier pêcheur à Sète pratiquant la technique de la pêche à la traine et dont elle partage l’art de vivre, la liberté et la simplicité.
Charles Biascamano est présent à travers un film tourné dans les années 80 par et avec ses enfants Patricia, Stephan et Aldo. Document-mémoire d’une journée type à la plage, il retrace la construction matinale de la cabane à la borne 14 jusqu’à la peidolade du soir, repas partagé en commun avec le fruit de la pêche réalisée le jour même. La cabane familiale est réinstallée dans l’exposition avec la complicité des trois enfants.
À Sète, le parti pris de l’exposition est d’entrelacer les œuvres de Valentine Schlegel avec des objets et des matériaux vernaculaires, tels que des voiles de bateau présentées en regard des maquettes de cheminée, un tapis de roseaux sauvages sous les vases, des bancs en bois (dont la forme est inspirée des nacelles utilisées pour la pêche sur l’étang de Thau), qui permettent d’accueillir le public et l’invitent à découvrir les costumes de théâtre déployés sur les murs. |