À qui sont ces fragments ?
L’accrochage, la muséographie, le regard des publics porté sur les œuvres, la vie des objets en réserves, les transformations infimes des lieux et des êtres motivent l’approche artistique d’Arthur Akopy. Il entraîne notre regard dans des infinis nuancés entre le sujet principal et l’infime. Il ne traite pas du propos de chaque tableau. Il ne les commente pas. Il offre une déambulation repensée. Chaque visiteur est invité à bouger, à se recueillir pour, à son tour, voir et donner du sens. Les visions sont toujours intimes, personnelles, intérieures, spontanées, puis cultivées.
Arthur Akopy nous montre par le détail ses coups de cœur dans les collections. Il les compartimente, les désassemble, en représente un nouvel assemblage, tel un défi au temps.
puzzle & pluzz... révèle de nouvelles fissures, de nouvelles traces. Il ne s’agit plus de relever le vieillissement, les fragilités et les usures que porteraient les œuvres et patrimoines, mais plutôt de percevoir cet autre côté des choses qui durent et survivent au temps des humains. Entre elles se forment des ensembles inédits, des sillons, des liens curieux.
L’attention se concentre sur une découpe. Il ne s’agit plus de voir mais de regarder par le détail. Il importe de ressentir pour remarquer les survivances. Il suffit de suivre les lignes d’inspirations, de constater et d’accepter les preuves visibles du passage du temps.
Transmettre, c’est se saisir de ce qui est, accepter de se montrer, être transformé. Passer outre ce qui est d’avant et de maintenant. Accepter le passage des ans sur des matières terrassées, boursouflées, écaillées. Remarquer l’effacement, l’anonymat, les signatures.
Il n’est jamais tard dans un musée pour créer avec les regardeurs. L’attention s’y renouvelle. Les réserves livrent des peintures de primitifs italiens et espagnols des XIV et XVe siècles, des tableaux des XVII, XVIII et XIXe siècles. Les époques passées s’inscrivent dans la mouvance des XXe et XXIe siècles. Trois des premières acquisitions du FRAC Paca laissent deviner le temps actuel. Le découpage de l’espace et des époques impose les fragmentations et offre de nouvelles perspectives.
Qu’ont regardé les peintres et leurs contemporains ? Pourquoi l’ont-ils fait ? Que voyons-nous ? Arthur Akopy nous propose une histoire de mains et d’échanges de regards.
FrédériqueVERLINDEN
Conservateur en chef du Musée muséum départemental de Gap |
Tirage numérique sur bâche, 120 x 92 cm |
Tirage numérique sur bâche, 92 x 50 cm |
Vue d'exposition, Musée Muséum départemental, Gap, 2020 |