Delphine POITEVIN 

Dans ma pratique artistique, le dessin est envisagé dans un champ élargi autour de sa relation à l'espace (art/ architecture, dessin/espace) traversant différents médiums et supports : de l'espace de la feuille à l'espace réel en passant par les images infographiques, photographiques et animées. 
 
Mes travaux s'appuient généralement sur des observations et des images glanées dans les plis et les « à-côtés » de la ville (terrains vagues), les lieux désaffectés (maisons vides) ou en transformation (chantiers). Mon attention artistique se porte essentiellement sur ce qui est ordinairement méprisé (objets abandonnés dans la rue, délaissés urbains, etc.) et sur les micro-événements qui ont lieu dans des espaces vides et interstitiels (l'irruption végétale, l'air qui circule, la poussière qui s'amoncèle, les reflets de lumière qui les habitent, etc.) où se manifeste une forme de vie aussi infime et discrète soit-elle. Plus généralement, je m'intéresse aux formes d'appropriation temporaires de l'espace architectural et urbain qui se situent dans ses marges et ses interstices et constituent des poches de liberté et de résistance. 
 
J'interroge la manière dont « le vivant » (notion qui reste à définir), au sens large, évolue et se transforme dans un espace architectural et construit. Que se passe-t-il entre les deux ? Quelles sont les tensions, les altérations et les interactions ? Comment le vivant s'adapte-il ou incorpore-t-il des contraintes imposées ? Ou, au contraire, comment les dépasse-t-il et les détourne-t-il ? 
 
Qu'ils soient mis en oeuvre à l'aide de calques transparents ou de vidéoprojections, mes travaux procèdent d'une démarche appropriative d'espaces vides ou délaissés, essentiellement conduite par une pratique graphique. Symétriquement, la perception et la saisie sensible de ces espaces vides ou délaissés conditionnent l'émergence et le développement du dessin.
Ils possèdent une spatialité particulière, fondée sur l'intervalle et sur la mise en jeu d'écrans superposés, selon une temporalité de la multiplicité. 
 
Dans ce sens, l'architecture et l'urbanisme sont convoqués dans mes recherches pour aborder des questions relatives à l'espace, mais aussi des problématiques sociopolitiques. Comment le modèle systémique de la ville, reflet d'un contrôle émanant des appareils politiques, se fissure- t-il ? Et que reste-t-il malgré cette volonté planificatrice ? 
 
Je m'intéresse à la manière dont certains artistes comme Gordon Matta-Clark et des architectes comme Tadao Ando ont abordé la question du vide et du délaissé : le vide dans le bâti lui-même et entre les constructions, et le vide dans le programme architectural où une part non- définie est laissée à l'initiative des usagers (par exemple, l'architecture participative de Lucien et Simone Kroll). 
 
La notion de spatialité est interrogée également par l'entremise de la danse contemporaine à travers des collaborations artistiques et performatives : le plasticien Peter Welz et le chorégraphe-danseur William Forsythe (Retranslation / Final Unfinished Portrait Francis Bacon / Figure inscribing figure), le plasticien Laurent Goldring et chorégraphe Benoît Lachambre (Is you me).


Techniques et matériaux


dessin
dessin hors papier, dessin dans l'espace, dessin mural
film d'animation
photographie
installation
Mots Index


architecture
appropriation-réappropriation
calque
chantier
construction/déconstruction
contact/tact
danse/dessin
débordement
délaissé/délaissement
dessin/dessein
déterritorialisation/reterritorialisation
dématérialisation/rematérialisation
diffraction
discrétion
désordre
disparition
échappée
écart
écran
effacement
entre
entrelacs, entrelacement
espace
espacement
flânerie
forma formans/forma formata
fragilité,
fusion
hybridation
impermanence
inachèvement
incorporation
incrémental
inframonde
indéterminé
imprévisible
interférence
intervalle
indéfinition
interstice
lignes de désir – lignes de fuite
marges
mémoire
micro-événement
minuscule
non-fini
oubli
ordinaire
palimpseste
porosité
poussière
précaire
rémanence
résistance
restes
réanimation
strates
ténuité
terrain vague
trace/tracé/tracement
trait/retrait
translucidité/transparence
trouble
vide
ville
vivant
work-in-progress
champs de références


La poétique de l'espace de Gaston Bachelard
Jean-Christophe Bailly
T. A . Z : Zone autonome temporaire de Hakim Bey
Le livre à venir de Maurice Blanchot.
Manifeste du Tiers paysage de Gilles Clément
Pour le moins de François Dagognet
Thierry Davila
Capitalisme et schizophrénie, t. 2, Mille plateaux de Gilles Deleuze et Felix, Guattari
Jacques Derrida
Ninfa Moderna. Essai sur le drapé tombé de Georges Didi-Hubermann
Génie du non-lieu. Air, poussière, empreinte, hantise de Georges Didi-Hubermann
Du chantier dans l'art contemporain d'Angèle Ferrere
Journal de Franz Kafka (8 décembre1917)
Simone et Lucien Kroll
François Jullien
L'intervalle. Vers une théorie du dynamisme créatif d'Edward Grindberg
De tout petits liens, Mille et une nuits de François Laplantine
Hamlet de Henry Miller
Henri Michaux
Patrick Modiano
Alain Mons
Georges Perec
Thierry Paquot,
Un livre blanc. Récit avec cartes de Philippe Vasset
L'architecture verte de James Wines
Pierre Zaoui, La discrétion. Où l'art de disparaître
La classe morte de Tadeusz Kantor
repères artistiques


Tatiana Trouvé
Gordon Matta-Clark
Rachel Whiteread
Filip Dujardin
Claudio Parmiggiani
Kristian Nygard
Tadashi Kawamata
Heidi Bucher
Bernard Moninot
Laurent Millet
Jeff Wall
Lewis Baltz
Michael Wolf
Francesca Woodman
Oscar Munoz
William Kentridge
Alexander Schellow
Jean-Marc Cerino
Toba Khedoori
Catherine Melin
Peter Welz
ARCHITECTURE

James Wines
Lucien et Simone Kroll
Patrick Bouchain
Riccardo Dalisi
Lina Bobardi
DANSE CONTEMPORAINE/THÉÂTRE

Peeping Tom
Pina Baush
Sasha Waltz
Anne Teresa De Keerrsmaeker
Laurent Goldring
Maguy Marin
Tadeusz Kantor