Céline MARIN 

Dans Les mots et les choses, Michel Foucault fait référence à la célèbre phrase de Lautréamont, repris par les surréalistes, « beau comme la rencontre d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection », pour illustrer la manière dont des choses complètement disparates peuvent se trouver mises en relation du fait du partage d'un espace commun.

Séduite par cette vision, j'envisage depuis, qu'aucune règle ne vient dicter à l'avance les façons d'occuper ma table de montage. Elle se compose alors, de clichés amateurs et personnels, cartes postales, images découpées dans des magazines, gravures anciennes, d'articles scientifiques illustrés, de guides pratiques. Il s'agit ensuite de classer, d'ordonner suivant de grands thèmes, avant d'assembler.

Assembler, c'est en premier lieu unir, joindre plusieurs éléments entre eux de manière définitive ou non : monter / démonter, combiner / dé-combiner. À travers L'éloge de la table ou la scène hétérotopique (colloque de scénologie organisé par le Pavillon Bosio au Forum Grimaldi à Monaco en 2009), Georges Didi Hubermann, introduit l'idée que la seule limite à laquelle nous pouvons être confrontée est la curiosité à alimenter cette banque de données et l'envie de « battre et redistribuer les cartes, démonter et remonter l'ordre des images sur une table ». Rien n'y est donc fixé une fois pour toute, et tout y est à refaire par plaisir plutôt que par châtiment sysiphéen. Tout est à y redécouvrir, à y réinventer. Dans tous les cas la recherche iconographique apparaît dès lors, comme une façon de rompre avec la lecture linéaire de l'histoire, de lui préférer une appréhension diachronique et personnelle, suscitant des combinatoires infinies du passé avec le présent. Et dans cet entrechoquement, je conserve ainsi les images qui ont un caractère insolite et qui à la suite de rencontres tout à fait hasardeuses font le charme, pourvu que ça marche !

Exécutées à la mine, des figures émergent alors, au fur et à mesure, dans une absence de décors, paysages ou autres environnements afin que chacun puisse y projeter son paysage mental. Ces hommes, femmes, enfants et vieillards, sont une sorte de prétexte pour envisager le monde différemment animé par l'idée d'une transformation de la réalité banale en une fiction poétique. Tout devient alors possible, surmontable : la réalité cède sa place à la réalisation de l'imaginaire.

Céline Marin

Techniques et matériaux


Crayon H, crayon HB, crayon 8B, poudre graphite, crayon de couleur, papier divers
Mots Index


Collage, assemblage, absurde, surréalisme joyeux, dessin, portrait
champs de références / repères artistiques


Une semaine de bonté par Max Ernst, Karel Teige, Rineke Dijkstra, Charles Fréger, Ethan Murrow, Aby Warburg