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| MARC ETIENNE A l'intérieur d'un énorme coquillage entrouvert, rappelant un objet de décoration d'hôtel balnéaire, on entrevoit une forêt lilliputienne où un autre espace, celui-ci fictionnel, semble être en train de se construire. La fiction comme une coquille vide, laissant des indices qui nous permettent de la projeter: des planches en bois amoncelées entre les arbres, un sac à dos à côté du lac, comme des traces potentielles d'une activité. Le titre, Down the uncanny valley, renvoie à la théorie de la «vallée de l'étrange», qui peut fonctionner comme une clé de lecture pour l'ensemble du travail de Marc Etienne. Cette hypothèse a été élaborée à la fin des années 60, en plein positivisme technologique, celui des cuisines équipées et des lunettes stéréoscopiques, par le Japonais Masahiro Mori, suite à des recherches concernant le rapport sensible des humains aux robots. Selon lui, les efforts cherchant à rendre les automates plus anthropomorphes seraient inutiles, car le jour où ils rentreraient dans l'espace domestique, ses habitants glisseraient, de toute façon, dans la vallée de l'étrange, une sorte de rejet irrationnel. Marc Etienne s'intéresse à la façon dont cette théorie a ensuite été appropriée par les réalisateurs de dessins animées, cherchant à maîtriser les effets de l'introduction d'éléments incohérents à l'intérieur de la narration. Ainsi, chaque élément dans une exposition de Marc Etienne fonctionne comme un acteur dans un scénario désorganisé un «personnage à réactiver», tel que les désignait Pierre Joseph, à la différence qu'ici, ils nous amènent au seuil de notre capacité à les interpréter. Plus que la stabilité d'une bd, c'est le dessin animé qui le mieux parvient à produire des rebondissements absurdes entre violence et fable morale, avec des trous amnésiques qui autorisent le passage du meurtre à la reprise impeccable, au milieu d'animaux qui parlent et de chaises qui valsent. En contrechamp à ces stratégies fictionnelles où tout est praticable, Marc Etienne leur associe un intérêt pour les marionnettes bunraku du théâtre japonais, où les manipulateurs apparaissent en pleine lumière à côté des personnages: nul besoin d'effort illusionniste quand tout repose dans notre désir de croire. C'est alors le cas de ce tronc d'arbre mis en scène sur des tréteaux, comme déraciné de la forêt du magicien d'Oz, moulé dans une résine malléable utilisée pour la fabrication de marionnettes, ou de ces rochers animés par un mouvement respiratoire dont le ronflement rappelle des cerfs en rut. Loin de l'évocation d'un monde soi-disant féerique de l'enfance, cet univers folk ne croit plus à «l'authenticité» tellurique et ne reconnaît aucun point d'origine aux «traditions». Toute entreprise de retour aux sources semble vouloir masquer l'inévitable contamination et accumulation contradictoire de pratiques culturelles. Le folk est ici plus proche de l'artisanat industriel pour touristes ou de la décoration d'un appartement HLM en style «rustique». L'intérêt de Marc Etienne pour les pratiques d'amateurs vient problématiser la délimitation d'un champ spécifique à l'art et le statut non spécialisé de l'artiste. S'il emprunte à l'artisanat domestique le désir de posséder les objets à travers sa fabrication, il pervertit aussitôt les joies infinies du labeur et la minutie de l'ouvrage par des accélérations, utilisant la répétition pour produire du rejet, et envisageant le rôle de ses objets comme des interfaces dans un scénario.
Pedro Morais, juillet 2007
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| This work, begun about five years ago, arose out of cultural confrontations. Raised with a Franco-British double nationality, I observed, questioned, criss-crossed cultural specificities so as to create resonances and correspondences. Sociological behavior is drawn from both cultures and current events ; they come from the world of communication, consumer society, and the entertainment world whether they concern spectacular bodily feats (lively arts, film)or amateur bodily practices (community spaces, private spaces). The body's images - a reservoir of images- span humor, incongruities, and the transgression of moral boundaries. For example, certain installations stem from relations maintained through the usenet (discussion groups) or internet (chat rooms) with people at times practicing marginal activities in the amateur realm. This reflection translates through what are literally "homemade" objects (sculptures, films...) rearranged and integrated into the field of the visual arts. Displayed either as documents or as central works, creating a visual and sonic environment immediately accessible to the spectator; while at the same time requiring him to be more attentive to formal interferences and shifts in meaning. This approach and manner of realizing favors the creation of a physical environment, "ambient" scenes, through the use of handmade objects (objects of a sculptural or architectural nature). The coming realizations will equally accentuate the use of tools intended for current transmission technologies as used in the latest films. Marc Etienne, 2001
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Techniques et matériaux
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appropriation d'images du réseau et des média et réinterprétation en animation assemblage dispositif d'exposition environnement sonore
appropriation of web and media images and their re-interpretation using animation techniques assemblage exhibition display devices sound environments | |
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Mots Index
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amateurismes / amateurisms protocoles / protocols remix simulation organique / organic | |
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champs de références
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Michel Maffesoli
Gilles Deleuze
Lewis Carroll
Arts vivants (théâtre, danse)
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repères artistiques
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Bruce Nauman Paul Mc Carthy Mike Kelley Philippe Parreno Liam Gillick Gabriel Orozco Diane Arbus Nan Goldin | |
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