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| Artiste et poétesse, Sandra Lorenzi questionne notre relation aux milieux en tant que substrat historique et politique aussi bien que territoire fertile, habité par une multiplicité d'êtres. Conçus à partir d'entités matérielles, énergétiques ou symboliques a priori étrangères les unes aux autres (figures, objets, architectures, espèces végétales, minéraux...), ses dessins, sculptures et installations nous amènent à composer des récits alternatifs à l'Histoire en place. Elle déploie une oeuvre réparatrice où la question du «prendre soin» est centrale. Au fil de ses expositions, elle réinvente littéralement les outils et les concepts de cette reconstruction. Destinée à l'oralité, sa pratique des Odes philosOphiques trouve un écho retentissant à cette approche mémorielle libérée de toute forme limitative, ouverte aux sens et à l'imaginaire. Ses écrits donnent voix et présence aux entités vivantes en requestionnant leurs rapports de forces et d'expressions (énergétiques et transhistoriques). De ses poésies surgissent des personnages, actants d'une subtile comédie, témoins d'un processus en marche vers une poétique renouvelée de l'existence. Sandra Lorenzi est diplômée de l'école nationale supérieure d'art de la Villa Arson (Nice), en 2009. Son travail a été présenté depuis dans des institutions et des galeries en France et à l'étranger (Palais de Tokyo, Bozar, Laznia Center for Contemporary Art, South African National Gallery, Mac Lyon...). Elle a été chargée d'enseignement artistique à l'Institut Supérieur des Arts de Toulouse de 2012 à 2019. Elle enseigne à l'école supérieure des arts d'Annecy Alpes. Elle est également artiste-intervenante au sein du «Laboratoire EspaceCerveau» de l'Institut d'Art Contemporain à Villeurbanne.
C'est par la BD - à regarder de près ses Jizo gisants en bronze, figurines de moines japonais décérébrées... - et le dessin que Sandra Lorenzi fut amenée à l'art contemporain («un souffle de liberté») et à la philosophie («une mère nourricière»). Une appétence pour l'art, la littérature et la philosophie qui sera comblée par des études en khâgne et hypokhâgne, un DNAP et un DNSEP à la Villa Arson à Nice. Son besoin d'expression, de pratique et de création l'emporte alors vers des rivages inconnus : «Ma pratique est conceptuelle sans pour autant s'inscrire dans le champ de l'art conceptuel. Je fonctionne par hybridation de notions et de concepts, en lien avec les images et mes lectures...». Philosophie, sciences, anthropologie, Sandra Lorenzi s'intéresse également aux arts premiers et à «l'informe» cher à Bataille, développant une vision herméneutique de l'art. Sa réflexion trouve ses fondements dans la culture grecque et pré socratique, dans la philosophie orientale, nourrit une oeuvre «pleine», qui fait sens au-delà de son travail sur la matière et les formes... Refusant le caractère irrémédiable dans l'art et tout ce qui reste figé, elle réinvente une scénographie à chaque monstration. Une manière osée de prendre le contre pied de la sculpture en requalifiant ses pièces selon une narration inédite : Sub rosa en béton et acier, L'édifice persistant en bois et acier, Spy fruits, fruit, judas et bois aux dimensions variables... ses actants comme elle les nomme, sont les interprètes d'une pièce passionnante.
Marie Godefrin-Guidicelli
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