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| Texte de Luc Jeand'heur, 2011
La pratique artistique de Colin Champsaur est une structure ouverte qui traverse les frontières des genres sous différentes formes (sculpture, photographie, installation, dessin, vidéo, commissariat d'exposition...). L'enjeu est de pousser une dynamique singulière seuil/passage entre ce qui est fabriqué et ce qui se construit, et leurs possibles corrélations isotropes. Tout est alors question de combiner les réalités : la première entretient des rapports logiques et méticuleux de re-présentation avec un réel fragmenté où il apparaît comme terrain d'investigation à la fois banal et "miraculeux", pourvoyeur de matériel et de forme (réel au-delà du réel, photographies du monde comme fonds d'images, propriétés formelles ou métaphoriques des objets usagés en pièces rapportées dans les oeuvres pour leurs diverses, références diverses et héritages des modèles ...) ; la seconde est celle de la production plastique, et de sa lisibilité et rhétorique visuelle qui s'exposent, manière de faire hétérodoxe, construction de formes et de sens hétérogènes et polysémiques qui font comparaître un moment donné outils et manipulations, questions esthétiques et narrations, dualisme cartésien et divagations, figures dialectiques et scénario mental, expérimentation intellectuelle et espace de rêverie, objets sensibles et trous... Cette combinatoire opère par jeux de glissements, par concentration de complexité, par ce qui se fait visible ou non et par ce qui se détermine ou non.
Texte de Colin Champsaur, 2007
Exposer des manières (maneries). Manière d'être, manière de faire, d'exposer, d'apparaître. Ces questions me servent à amorcer les possibilités d'une seconde nature qui se situerait dans le générique et le particulier. Ces manières tentent d'aborder des questions esthétiques aussi bien que politiques et sociales, elles se font naturellement par le biais de dessins, de vidéos, de photos, de sculptures et se déterminent notamment dans l'espace de la relation, dans l'usage. Comment se poser des questions quant à la possibilité d'existence d'une communauté sans faire intervenir, à un moment donné, son impossibilité, faire avec une communauté impropre telle qu'elle advient de toute façon? Comment esquisser un principe d'équivalence qui ne tombe pas dans l'assimilation des contraires? Comment faire, ne pas faire et ne pas ne pas faire? « Nous commencerons bientôt à avoir peur de nos personnes et personnalités parce que nous saurons qu'elles ne nous appartiennent pas totalement. Et au lieu de vociférer et de rugir : « Je crois ceci, je sens cela, je suis ainsi, je défends ceci », nous dirons plus humblement : « Au travers de moi on croit, on sent, on fait, on pense, on produit. »W.Gombrowicz Voilà quelques éléments d'un programme qui se dirige vers un but apparemment sans objet mais qui se détermine dans son exposition. Un programme inavoué au désir intempestif de la construction d'un corps inachevé, traversé.
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