João VILHENA 

J’ai mis de côté la peinture pendant un certain temps pour me dédier au dessin. Le retour à la peinture s’est fait par le biais des monotypes qui sont des pièces avec lesquelles j’entretiens un rapport volontairement régressif et très tactile. Leur processus est assez enfantin : j’étale dans un premier temps la peinture directement à la main sur un plan lisse (toile cirée ou miroir), puis je trace un dessin au doigt dans cette surface colorée pour en prendre une empreinte à l’aide d’un buvard blanc ou coloré. Les images représentées (mixeurs, bétonnières, éponges, doigtiers) renvoyent à la matérialité de la peinture. Ici la représentation tient sur un écart : les éléments figurés évoquent métaphoriquement le rapport régressif au broyage de la matière, pendant que du doigt qui dessine il ne reste que son empreinte digitale. Cet écart peut encore être exprimé comme ceci : si le réel est une matrice, alors mes travaux sont des bons à tirer. J.V.


Patron modèle 2001
Buvard sur acrylique (monotype), 65 x 50 cm


Sans titre 1999
Buvard sur acrylique, 65 x 50 cm
Untitled 1999
Blotting paper on acrylic (monotype)

Dessin de mixeur alimentaire réalisé au doigt dans une surface de peinture acrylique fraîche et imprimé sur une feuille de buvard. Systématiquement tracée dans un champ coloré imitant des purées de fruits ou de légumes, la série des mixeurs renvoie, selon un système d'analogies successives, à la matérialité de la peinture. Il s'agit ici de se remémorer les gestes anciens qui présidaient à l'élaboration du tableau : le dosage et le broyage des pigments avec le médium et le mélange des couleurs dont La broyeuse de chocolat de Marcel Duchamp incarnerait le paradigme moderniste et ironique. J. V.

A drawing of a blender realized using my finger on a surface of fresh acrylic paint which was then transferred onto blotting paper. Systematically traced in a field of color imitating fruit or vegetable purées, the blender series calls up the materiality of painting through a succession analogies. It is here a matter of remembering the ancient gestures behind the making of a painting: the dosing and grinding of pigments with the medium and the mixing of colors. In relation to this, Marcel Duchamp’s work might be seen as incarnating the ironic modernist paradigm.


Sans titre 1999
Buvard sur acrylique, 65 x 50 cm
Untitled 1999
Blotting paper on acrylic


Sans titre 1999
Buvard sur acrylique (monotype), 65 x 50 cm
Untitled 1999
Blotting paper on acrylic (monotype)


Sans titre 1999
Buvard sur acrylique, 65 x 50 cm
Untitled 1999
Blotting paper on acrylic (monotype)

Dessin de doigtier réalisé au doigt dans une surface de peinture acrylique fraîche et imprimé sur une feuille de buvard. Dans la série représentant des doigtiers de guichetiers de banque ou des dés à coudre, peindre avec un doigt reviendrait donc à toucher, au sens propre comme au figuré, le corps de la peinture. Cette technique renvoie aux monotypes représentant des maisons closes que Degas fit à la fin de sa vie et où il n'hésitait pas à remplacer le pinceau par le doigt. Ici l'empreinte digitale fait également allusion à l'identité de l'artiste, à son style personnel. J. V.

Thimble-drawing realized using my finger on a surface of fresh acrylic paint which was then transferred onto blotting paper. In the series representing thimbles used by bank clerksor for sewing, painting with the finger amounts to touching the body of painting, in the literal and figurative sense of the term. This technique refers to monotypes representing brothels that Degas painted at the end of his life for which he didn’t hesitate to use his finger instead of the brush. Here, the fingerprint equally alludes to the artist’s identity, his personal style.

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