Arnaud Vasseux a conçu sa pièce au cours d’un dialogue dense et prolongé avec Mont-Dauphin, qu’il découvre la première fois sous la neige. La capacité de la forteresse à se dérober à la vue, l’impossibilité de percevoir directement sa forme étoilée, sinon en la survolant, est son point de départ.
Ici, pas d’échappée, aucune dérobade, mais une confrontation directe avec la dureté de la poudrière, lieu fermé et oppressant enterré sous deux mètres cinquante de terre, zone perdue semblable à un espace technique dont la conversion en un lieu d’art est tout à fait improbable. Les trois modules qui composent l’installation obturent et tronçonnent le couloir (à l’origine un fossé inondable) sans annuler la perception de ses dimensions. Le système du pop up qui préside à la construction de chacun renvoie au plan étoilé de la forteresse, tandis que les découpes sans aucune perte, le recours à un matériau de coffrage, l’efficacité des volumes dégagés, sont une révérence aux principes d’économie de moyens et de rationalité dont les entreprises de Vauban - ingénieur, économiste, stratège et inventeur - sont l’application. Les modules formés d’un agencement d’angles tantôt saillants, tantôt rentrants, dégagent une énergie que celle du lieu ne parvient pas à étouffer. Ils introduisent un rythme et comme une durée humaine dans un environnement hostile : synchronie entre chaque module et le néon lumière du jour (lequel est exactement placé au niveau du sol extérieur) qui l’éclaire ; rythme des contrastes entre le lourd et le léger, suivant l’angle de vue adopté, du sombre et du clair, du plein et du vide, du mat et du brillant. Quant à la durée introduite comme en contrebande, c’est celle qui est liée au nécessaire questionnement perceptif suscité par les sculptures, dont chaque face dissimule les autres, l’impossibilité de voir l’ensemble d’un seul coup étant manifeste. Au cours de ses déplacements, le visiteur perçoit, du dedans ou du dehors, de face ou de côté, chaque plan comme un dessin à travers lequel se recomposent d’autres plans distinctifs, proches ou lointains.
Texte de Joëlle Zask, écrit à partir d’un entretien réalisé en juillet 2008
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Photographies Y. Lamoulère
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Photographie Y. Lamoulère
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Sans titre 2008
Trois éléments : panneaux bakelisés, peinture blanche
Chaque élément se compose de 4 panneaux de taille identique (soit 230 cm de hauteur pour 123 cm de largeur) ils sont assemblés différement d’un élément à l’autre selon un principe de pop-up.
Vues de l’exposition Arsenal et poudrière, place forte de Mont-Dauphin (Hautes-Alpes)
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