On lâche rien 2016
Installation
Vidéo en boucle, 1’51’’, charbon sur linge d’hôpital, lits, éléments divers (40 m2), bandes sonores (38’)
Exposition en duo avec Jeanne Moynot au 3bisf - lieu d’arts contemporains, Aix-en-Provence
Photographies Jean-Christophe Lett / Anne-Sophie Turion

On lâche rien : slogan inscrit sur la banderole installée par le syndicat SUD à l’entrée de l’hôpital psychiatrique Montperrin jusqu’en juillet dernier. Croisée quotidiennement depuis le début de notre résidence au 3bisf (le Centre d’Art est implanté au sein de l’hôpital), cette injonction s’est mise à résonner à tous les niveaux, dans notre travail aussi bien que dans notre vie intime. On lâche rien  : “on se débrouille avec la vie”, comme disaient Edgar Morin et Jean Rouch, dans “Chronique d’un été” (1961). On se débrouille avec ce qu’on a, on s’acharne, on recommence, on persiste.

Pour cette première exposition en duo, nous créons un décor où l’envers se retrouve sur le devant de la scène. Les pendrillons de théâtre, habituellement fonctionnels et en arrière-plan, deviennent de véritables motifs picturaux. Réalisés “avec les moyens du bords” (linge d’hôpital et charbon de bois récupéré dans les zones incendiées durant l’été aux alentours d’Aix-en-Provence), ils pastichent le dispositif théâtral traditionnel. Des bruits du montage de l’exposition émergent de part et d’autre de cette boîte noire bricolée, ainsi que nos deux voix.  Evoquant en toute anarchie nos problèmes de stockage, des histoires de fantômes, les bienfaits du jogging et du boudin aux pommes, Jean Vilar et Léon de bruxelles, ou encore nos interrogations sur l’’assemblage des pendrillons ou leur mise en lumière, ces bribes de dialogue dévoilent avec humour nos backstages, nos solitudes, notre amitié résiliente et notre quotidien précaire de travailleuses de l’art.