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Cartel figurant dans l’installation
Impression jet d’encre, 31 x 31 cm
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Vues de l’installation Again we cut back to where we left him in a state of gloom upon Tijuana, Mac, Marseille, 2007
Julien Tiberi présente actuellement une installation dans l’espace réservé à la galerie RLBQ au Musée d’Art Contemporain. Il s’agit à la fois d’un jeu de transferts entre différents systèmes de reproduction et de circulation de l’information (le fax et la photocopie, la poste et internet), d’une traversée de l’histoire marginale du dessin (la BD porno ou les journaux illustrés du début du XXe siècle) et d’une lecture politique des frontières économiques dans le contexte du système globalisé de l’art. C’est sans doute beaucoup, mais cela prend forme avec une incroyable subtilité, faisant des ellipses entre les indices un ensorcelant jeu de piste. Les «dessins» exposés sont introduits par un cartel inspiré du graphisme outrancier et incroyablement inventif de L’œil de la police, journal racoleur de faits divers criminels de la Belle Epoque. L’utilisation à des fins politiques de la peur et de l’insécurité n’est évidement pas nouvelle et cela se retrouve ici sur un alignement de télécopies envoyées par un journal de Tijuana où sont reproduits des dessins rappelant la captation d’une caméra de surveillance à la frontière du Mexique et des Etats-Unis. C’était déjà dans la même ville que s’imprimaient sous le manteau les Tijuana Bibles, BD porno des années 30 avec des célébrités d’Hollywood, dont certains logos sont ici imprimés sur le pied d’une sculpture hybride, à mi-chemin du fax, de la boîte aux lettres et de l’imprimante.
Ce qui semble intéresser Julien Tibéri c’est l’interaction actuelle des systèmes de communication à plusieurs vitesses (archaïques ou proches de l’ubiquité) avec les réseaux de notre mémoire dans le rapport à la culture visuelle. L’exposition est envisagée comme un script où le dernier chapitre consistera à renvoyer les télécopies au «death letters office» américain (qui organise la vente aux enchères de lettres perdues), réintégrant ainsi son travail dans une circulation qui puisse échapper au temps défini du musée ou du marché.
Pedro Morais
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Extrait de l'ensemble des photocopies comprenant 90 dessins
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