STAUTH & QUEYREL 

Reine, de Pascale Stauth se compose d’une silhouette stylisée de femme en feutrine, des clous dorés dessinent ses yeux, sa bouche, des clous d’argent sa couronne. Le tableau est encadré d’un treillis métallique. Claude Queyrel montre, quant à lui, des toiles d’un géométrisme abstrait parodique où la composition s’enferre piteusement dans le décoratif le plus flagrant. L’ensemble de la galerie est tapissé de plaques de polystyrène à motifs qui elles-mêmes, autour des œuvres, dessinent des figures décoratives d’un symétrisme volontairement naïf. L’idée était de relier, par le biais de ce ciment ornemental, les œuvres de ces deux jeunes artistes. Le stratagème peut d’ailleurs paraître superflu tant les directions empruntées par les deux artistes s’avèrent similaires. La légitimité d’une telle installation serait plutôt à chercher du côté d’une réflexion sur le kitsch et son environnement. Car si l’objet peut receler une valeur kitsch, fluctuante, cotée à la bourse aléatoire des modes, c’est dans les arrangements, les environnements que se révèle ce qui, à une époque donnée, s’apparente au mauvais goût. Le kitsch étant un système esthétique de communication de masse, s’en déduit une éthique de l’adaptation au plus grand nombre, théorisée par Pareto sous le nom d’“ophélimité”. Aussi le grand intérêt de cette double exposition résiderait-il dans une certaine approche du décoratif (cf. Le décoratif, J. Soulilou, Ed. Klincksieck) mettant en lumière ce truisme trop souvent occulté du kitsch comme phénomène non pas tant lié à la production industrielle d’objets qu’à leur consommation, à leur mise en place dans les intérieurs, au jeu auquel ils servent dans la comédie sociale du standing.
Jean-Yves Jouannais, in Art Press n°165, janvier 1992

Intervention sur la vitrine, vénilia transparent collé sur vitre
Vue de l'exposition L'écrin, galerie Roger Pailhas, Paris, 1991


La reine 1991
Intervention sur le mur, dalles polystyrène découpées
Vue de l'exposition L'écrin, Galerie Roger Pailhas, Paris, 1991

Le moulin et Sans titre 1991
Intervention sur les murs, dalles polystyrène découpées, tableaux
Vue de l'exposition L'écrin, galerie Roger Pailhas, Paris, 1991
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