Il s’agit d’un dessin fait au pinceau, à l’eau savonneuse, d’après une photographie du 19ème siècle, sur un support de ciment gris mat. L’image évanescente du médecin maudit est donc constituée du résidu gras du savon - à l’huile de lin - qui tache le support de ciment, après l’évaporation de l’eau. Ce procédé, produit une image «évaporée» qui donne l’impression d’apparaître ou de disparaître, m’a semblé juste pour rendre compte de la vie de Semmelweis et de la trace qu’il a laissé dans l’Histoire. Fin observateur, pionnier de la médecine moderne, féministe avant l’heure, Ignace Semmelweis a pourtant un destin tragique et n’accèdera jamais à la reconnaissance. Ma résidence à la Savonnerie du Midi a été retardée à cause du 1er confinement dû à la pandémie de Covid 19. Durant cette période, le savon (et celui de Marseille en particulier) a quitté son image essentiellement pittoresque pour devenir la seule arme (à l’époque) contre la pandémie. Mes recherches en ont été subitement bouleversées. Ignace Semmelweis (1818 – 1865) est un médecin obstétricien hongrois qui œuvra pour l’hygiène des mains. À l’hôpital de Vienne, les étudiants en médecine passent quotidiennement des salles d’autopsies aux salles d’accouchements, entraînant 25% de mortalité des femmes par infection. Semmelweis démontra que le lavage des mains diminuait considérablement les décès post-accouchements. Rompant avec les croyances scientifiques de son époque, Semmelweis est rejeté par ses pairs et meurt oublié dans un asile psychiatrique. |