Jérémie Setton explore les enjeux de la peinture et en questionne les limites.
Lorsqu’il découvre, durant sa résidence à la Savonnerie du Midi, que le maître savonnier nomme « retable » son outil principal de travail, l’envie de s’en saisir apparait immédiatement. Le retable c’est donc, pour le maître savonnier, cette « rames » avec laquelle il casse la croute du savon au fond des chaudrons ou avec laquelle il prélève des échantillons de matière pour jauger l’avancement de la cuisson. Mais pour l’artiste les retables sont évidemment les tableaux polyptyques qui ornent les églises derrière les autels et représentent l’histoire des Saints.
Jérémie Setton imite le geste habile du maître savonnier avec une multitude de « rames » taillées grossièrement dans des bois récupérés dans les industries locales des Aygalades. Mais en plongeant ces objets dans le savon en ébullition ce geste devient celui d’un peintre qui recouvre les panneaux de bois de matière colorée aux multiples textures.
Ce retable des Aygalades peut se lire autant comme un polyptyque pictural que comme un hymne au monde ouvrier. Chacun de ses éléments renfermant sa propre histoire qui peut être imaginée par l’observateur attentif. |