Camera calda commencé en 2013, est un ensemble monochromatique (rouge) comprenant des pièces de différentes natures : sculptures en résine, peintures au vernis photographiées à contre-jour, dessins, pièces en verre, volumes composites, conçus comme une installation. Comme son titre l’indique, il s’agit d’abord d’un espace où ces pièces composent une trame, exercent une théâtralité de relations selon les situations d’expositions et leur disposition. Toutes les productions de Camera calda transitent d’un support à un autre constituant en cela une interrogation sur les transports de l’image, comme on dit « transport amoureux » ou encore transe de l’image, image en état de transe, image poussée jusqu’à une expérience auto-hypnotique. Le propos est alors dans la faculté des images à se répéter en se différenciant, formant formes en transitant d’un médium, d’un support à un autre tissant depuis ces décalages un espace tendu entre ces différentes stases.
Une autre dimension de ce travail consiste à inviter le spectateur par le biais des légendes des pièces dans une antichambre, anti-camera, au sens de la chambre en avant, celle de l’attente, du suspens donc du désir et de anti au sens de l’envers, la réversibilité, soit un espace virtuel : couloir, lieu d’aisance, chambre des perruques etc. L’espace matérialisé offre alors la possibilité d’un prolongement dans un espace virtuel, fictif ou imaginaire : une chambre entée (greffée) mais aussi hantée. Un espace incomposible qui articule l’accessible à l’impénétrable.
Ce travail recoupe aussi bien la chambre dans Stalker de Tarkovski et ne semble pas si éloigné du Locus Solus de Raymond Roussel. Dans ce livre, Roussel fait le récit d’un lieu aux activités multiples. Il assure des fonctions muséales, des œuvres y sont présentées et rassemblées, selon différentes configurations (grottes, vitrines, dioramas, etc). Sculptures, objets, corps vivants, corps morts ressuscités participent de récits croisés aux limites incertaines entre expériences scientifiques, exercices burlesques, œuvres d’art. Le lieu lui-même est un objet indéfinissable, jardin, zoo, salle de torture, espace fantasmagorique ou livre.
J’envisage Camera calda dans cette dimension de situation plastique, de structure-seuil entée dans le lieu d’exposition qui fait de l’expérience entre narrataire et regardeur, entre voyeur et spectateur, une expérience visuelle, une forme d’immersion et d’échanges d’une économie du désir. Cette mise en relation des pièces entre elles crée un espace spécifique qui expose le spectateur à une situation plastique retrouvant là ce qu’exprime Philippe Parreno : « il s’agit moins d’exposer quelque chose à quelqu’un que d’exposer quelqu’un à quelque chose ».
Le projet Camera calda a bénéficié d’une résidence de travail à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, 2015, et d’une résidence de production au Musée de Gap, février-mai 2015.
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Vues de l’exposition Matérialité(s) photographique, Vol de nuits, avec Documents d'artistes PACA, 2016, avec Anne-Valérie Gasc, Josué Rauscher, Rémi Bragard, Stéphanie Majoral |
LÔLITA 2013
Résine époxy teintée dans la masse, 159 x 60 x 5 cm
Tirage sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion
D’après « Pierres tumulaires et inscriptions trouvées à Cherchell (Algérie) » de Félix Jacques Antoine Moulin, 1856 |
Felix Jacques Antoine Moulin, « Pierres tumulaires et inscriptions trouvées à Cherchell (Algérie) », tirage sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion, 1856, BNF |
Page de recherche d’image sur Felix Jacques Antoine Moulin, « Pierres tumulaires et inscriptions trouvées à Cherchell »
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Vues de l’exposition Croquer, MAC Arteum, Châteauneuf-le-rouge, dans le cadre de la Saison du Dessin initiée par Pareidolie, 2015 |
Bain romain 2014
Bois divers, caoutchouc, carton, résine époxy teintée dans la masse, 170 x 69 x 7 cm
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Sfregio (exercice d’auto-hypnotisme) 2015
Plume et encre de couleur sur papier Hahnemühle 200gr, 98 x 198 cm
Dessin de l'ecriture de Caravage, lettre de 1601
Sfregio : blessure d'honneur, incision, griffure
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Sfregio 2015
Tirage couleur pigmentaire sur papier, 80 x 120 cm |
Célébrer II 2015
Résine époxy teintée dans la masse à partir de la Stèle de Briançon, art Romain, Ier siècle, 60 x 90 cm
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V.L. 2015
Peintures au vernis photographiées à contre-jour tirées sous altuglas, 16 x 15 cm, 12 pièces |
V.L. 2015
Peintures au vernis photographiées à contre-jour tirées sous altuglas, 16 x 15 cm, 12 pièces
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Célébrer 2015
Plume et encre rouge sur papier Atlantis Interleaving, 90 gr, 88 x 130 cm
Vue de l’exposition Croquer, MAC Arteum, Châteauneuf-le-rouge, dans le cadre de la Saison du Dessin initiée par Pareidolie, 2015
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Phantasmata, exercice d’auto-hypnotisme 2015
Encre de couleur, gomme arabique sur papier Hahnemühle, 200g r, 32 x 24 cm
Vue de l’exposition Croquer, MAC Arteum, Châteauneuf-le-rouge, dans le cadre de la Saison du Dessin initiée par Pareidolie, 2015 |